Dans le cadre d’un projet pédagogique mené au collège Anne Frank, situé à Sauzé-entre-bois (79), des élèves de la 6e à la 3e ont travaillé tout au long de l’année  autour d’un objectif central : mettre en lumière les femmes scientifiques, d’hier et d’aujourd’hui, et questionner les stéréotypes de genre encore présents dans les sciences.

Ce projet a été développé en réponse à un appel à projet du programme d’animation d’initiatives de culture scientifique en Nouvelle-Aquitaine (PAI) et grâce à la subvention gentiment octroyée par ENGIE. Ce projet s’est appuyé sur des démarches actives, créatives et collaboratives, mêlant recherches documentaires, fabrication numérique, arts vivants et rencontres avec des professionnelles du monde scientifique et culturel.

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PAI_ressources par Joan RIGUET

1) Créer pour apprendre : des jeux de plateau conçus par les élèves

La première action phare du projet a été la conception de jeux de plateau destinés à sensibiliser d’autres élèves aux parcours de femmes scientifiques.

• En 6e, les jeux portent sur des femmes scientifiques d’hier.
• En 3e, ils sont consacrés à des femmes scientifiques contemporaines.

Les élèves se sont inspirés de jeux du commerce, qu’ils ont analysés puis adaptés. Ils ont mené des recherches documentaires pour concevoir les cartes questions et les contenus scientifiques, tout en veillant à rendre les jeux accessibles et ludiques.

La fabrication matérielle a mobilisé de nombreux outils :

• conception des boîtes de jeux à l’aide d’une découpeuse laser,

• création des pions avec une imprimante 3D et des éléments du jeu (notamment pour l'adaptation du Taboo XL) avec la machine à coudre

• réalisation de sacs de transport (totebags) à la machine à coudre, avec l'aide précieuse de Rozenn Roger ( grand mère d'une élève impliquée dans ce projet) venue nous partager ses compétences en couture sur plusieurs séances.

• dépôt du logo de la collection de jeux par impression par sublimation et presse à chaud.

Ce travail a permis aux élèves de développer à la fois des compétences disciplinaires, techniques et créatives, tout en donnant naissance à des objets concrets destinés à être utilisés par d’autres classes.

2) Un escape game pour le grand public

En parallèle, un atelier sur la pause méridienne, ouvert à des élèves volontaires (une trentaine), a permis de concevoir un escape game sur le thème des femmes scientifiques.

Pour les aider à concevoir leur escape, j'ai opté pour ce déroulement :

• Séance 1 : Présentation du projet et vivre un escape game entièrement numérique (créé par Vincent Giudice, professeur de SVT dans l’académie de Nantes, qui offre un parcours de découverte de 12 femmes scientifiques).

• Séance 2 : Décrypter des messages secrets , afin de découvrir différents moyens de cryptage et donner des idées pour des énigmes

• Séance 3 : Vivre un escape game physique (avec fouille, égnimes avec manipulation ...) : L’effet Matilda conçu par des enseignants de l’académie de Poitiers

• Séance 4 : Rappels et explicitation de ce qu’est un escape game, choix du scénario, des différents types d’énigmes, ... et début de réflexion pour créer notre escape game à l’aide du livret conçu pour aider les élèves.

• Séances suivantes : Conception des énigmes, mise au propre et conception du matériel

• Sur 2 mercredis après-midis : les élèves ont pu vivre un escape game commercial pour qu’ils puissent découvrir le rôle du game master, la scénarisation, les différentes étapes de l’animation d’un escape game

Pensé comme un outil de médiation scientifique, cet escape game a vocation à être joué :

• à la Maison des Jeunes (MDJ), à destination des jeunes
• à la médiathèque de la commune, à destination du grand public,
• dans la commune, à destination du grand public,
• au collège, notamment lors de la Semaine des mathématiques 2026,
• potentiellement à l’EMF de Poitiers.

L’objectif est également de pouvoir le prêter à d’autres établissements désireux de mener des actions similaires. Les élèves ont ainsi réfléchi à la portabilité, à la clarté des énigmes et à l’accessibilité des contenus.

3) Rencontrer des femmes scientifiques d’aujourd’hui

Pour donner chair aux parcours scientifiques actuels, les élèves de 3e ont participé à des rencontres en visioconférence avec des femmes scientifiques.

À l’issue de ces échanges, ils ont réalisé :

• de courtes vidéos de présentation,
• des affiches mettant en valeur les parcours et les métiers rencontrés.

Ces productions serviront de support à une exposition mobile, destinée à être prêtée à différents lieux (établissements scolaires, médiathèques, structures culturelles).

4) Des spectacles et des intervenants

Le projet a également intégré une forte dimension culturelle avec plusieurs spectacles et rencontres.

• En février 2025, les élèves de 6e, 5e et 3e ont assisté au spectacle « Matilda et les femmes astronomes », qui permet de découvrir des femmes scientifiques oubliées à travers les arts vivants.Ils ont pu échanger également avec la comédienne et le musicien sur leurs parcours et les choix artistique.

• Ils ont rencontré Camille Van Belle, autrice de la bande dessinée Les oubliées de la science. Elle a présenté son métier, son travail de recherche et a également créé le logo de la collection de jeux ainsi qu’une affiche pour l’escape game.

• Le soir de sa venue, le vendredi 4 avril 2025, une rencontre avec le grand public a été organisée à la médiathèque.

5) Une journée dédiée aux CM2 et 6e

Le lundi 13 octobre 2025, une journée spéciale a réuni des élèves de CM2 de trois écoles du secteurs et les deux classes de 6e autour de la thématique des femmes scientifiques. La subvention a permis de financer la venue de Marie Lhuissier et le transport pour faire venir les élèves des trois écoles.

À cette occasion, Marie Lhuissier est intervenue pour jouer deux de ses spectacles Conte tout droit et Diamants parfaits,  ce dernier étant consacré à la mathématicienne Alicia Stott Boole. La journée s’est poursuivie par :

• des ateliers ludiques pour découvrir des femmes scientifiques, notamment inspirés à partir des ressources partagées par Sonia Marichal, enseignante de mathématiques dans l'académie de Versailles.
• des ateliers manuels proposés par Marie Lhuissier en lien avec les mathématiques, visant à montrer une image positive, créative et esthétique de cette discipline.
• les écoles sont reparties avec les deux albums Conte tout droit et Diamants parfaits, ainsi que les activités des ateliers ludiques afin de poursuivre de retour dans leurs écoles
• à la suite de cette journée, les élèves essayeront de rédiger un modeste conte autour d'une femme scientifique.

Nous avons pu également profiter de l'exposition "Mathématiques, informatique ... avec elles !" gentiment prêtée par le lycée Edouard Branly, situé à Chatellerault (86).

6) Questionner les stéréotypes de genre

Des activités menées en classe ont permis d’engager une réflexion sur :

• les stéréotypes de genre dans les sciences,notamment à travers des sondages que les élèves ont pu faire passer auprès des élèves du collège mais aussi auprès des familles et du personnel du collège.
• l’effet Matilda, qui désigne l’invisibilisation des travaux des femmes scientifiques.
• développer la culture scientifique des élèves, notamment à travers des recherches documentaires autour de femmes scientifiques

Ces temps de réflexion ont complété les actions plus concrètes, en donnant aux élèves des clés de compréhension critique sur l’histoire et la représentation des sciences.

Nous avons également organisé un temps quizz, en 6e, en équipe pour tester les connaissances des élèves sur les femmes scientifiques sur lesquelles ils ont travaillé.

7) Questionner les stéréotypes de genre

Enfin, la réalisation et la diffusion de goodies à l’effigie de femmes scientifiques ont constitué un levier supplémentaire de sensibilisation et de valorisation du projet. Les élèves ont conçu et produit des badges à l’aide des machines acquises grâce à la subvention et au soutien de l’association Les maths en scène, qu’ils ont ensuite distribués lors des différentes actions menées auprès des élèves et du public.

D’autres objets, réalisés dans le cadre du projet Women Do Science par Casio , ont également été remis à l’ensemble des élèves impliqués ainsi que lors des temps de diffusion du projet. Ces goodies ont pu être proposés grâce au don généreux de Casio Edu, également partenaire du projet. Au-delà de leur aspect symbolique, ces objets participent à rendre visibles les femmes scientifiques, à diffuser les messages portés par le projet et à prolonger la réflexion bien au-delà des temps scolaires.

Les élèves ont pu également réaliser des t-shirts qu'ils pourront porter lorsqu'ils animeront l'escape game auprès du grand public.

Un projet pour changer les regards

À travers ce projet, les élèves sont devenus acteurs de la transmission des savoirs, en créant des outils de médiation destinés à leurs pairs et au grand public. En valorisant les parcours de femmes scientifiques et en croisant sciences, culture et fabrication, l’objectif est de changer les regards, d’ouvrir des possibles et de contribuer à une représentation plus juste et inclusive des sciences.