Convoi vers l’Est et retour
J’ai réalisé en 1997 un travail sur l’itinéraire de déportation de ma mère, résistante détenue de 1943 à 1945 à Auschwitz, Birkenau (Pologne), Ravensbrück (Allemagne) et Mauthausen (Autriche).
J’ai découpé sa déportation de 28 mois en deux époques : un voyage d’hiver vers l’enfermement et le retour en France au printemps, à la veille du défilé du 1er mai 1945.
En suivant l’itinéraire au plus près, arrivant à Auschwitz le 27 janvier, le “même” jour qu’elle, c’est un voyage vers l’Europe de l’Est que j’ai entrepris.
La représentation connue de l’entrée du camp de Birkenau, long bâtiment noir très aplati dans sa lumière de fond de neige, m’a décidé à photographier en utilisant une chambre panoramique, sur trépied, de façon frontale.
Ce travail m’a permis d’explorer des problématiques constantes sur la démarche du photographe, la mienne étant certainement imprégnée de ses récits de déportation : le temps dans les images, ou son apparente absence; la distance à trouver tout en restant au-dehors de l’horreur et la neutralité du cadrage ; en somme, le choix esthétique par lequel il conviendrait de transcrire (au mieux ?) autant d’éléments documentaires de témoignage.