Salon - Festival

Festival Raisons d’agir 2018 « Révolution(s) »

Ce festival multiforme, accessible à toutes et tous, s’attache à croiser les expériences individuelles et collectives, ainsi que les savoirs issus des sciences sociales, le regard des cinéastes et la sensibilité des artistes.

Co-organisé avec l’association Raisons d’agir avec le soutien de nombreux partenaires. L'association Raisons d'agir bénéficie d'un financement dans le cadre des appels à projets régionaux de culture scientifique 2018.

Programme

13e Festival Raisons d’agir Du mercredi 28 au vendredi 30 mars 2018, Poitiers

RÉVOLUTION(S)

Il y a dans l’air comme un parfum de rejet des institutions, des clivages et des manières de faire du passé. Le pouvoir en place semble pourtant s’être consolidé. Alors que les élections présidentielles avaient donné l’impression d’ouvrir la voie à une expression plus directe des aspirations populaires, il n’est plus question que d’assumer la « verticalité » du pouvoir, de restaurer « l’autorité » ou de satisfaire notre supposé goût pour les « ors de la République ».

En France, les mobilisations sociales n’ont pour autant jamais véritablement cessé, des coordinations de la fin des années 1980 aux luttes pour la défense de la Protection Sociale, des mouvements de chômeurs et précaires aux grands rassemblements altermondialistes et aux manifestations contre la loi El Khomri. Depuis une dizaine d’années, de nouvelles formes d’action voient le jour, mobilisant tout particulièrement les jeunes, aussi bien sur les enjeux écologiques que sur la question du travail ou de l’accueil des réfugiés.

Mais qu’en est-il des aspirations à une transformation d’ensemble de l’organisation économique, sociale et politique ? Les forces politiques sont-elles seules en mesure d’offrir cette alternative ? Ou l’action à l’échelle locale, sur son lieu de travail ou dans son quartier est-elle la meilleure façon de prendre le pouvoir ? À l’heure de l’explosion des « réseaux sociaux », qu’en est-il de nos capacités à démocratiser nos sociétés ? Alors que le dégoût du vieux monde semble avoir refait surface, qu’en est-il de la possibilité de construire un monde nouveau ?

50 ans après mai 1968 et un peu plus de 100 ans après la révolution d’octobre 1917, ces questions doivent être reprises à frais nouveau. En revenant à l’histoire, mais sans rabâchage et sans culte du passé. Ainsi, nous ne ferons pas de commémoration de la révolte sociale et libertaire de « mai ». Mais nous discuterons de l’actualité des luttes pour l’émancipation sociale. Nous ne déposerons nulle couronne en souvenir des soulèvements populaires qui suivirent la grande guerre de 1914-18. Mais, en prenant appui sur les films documentaires et sur les travaux d’historiens et de sociologues, nous remettrons en lumière les passions de l’époque. Et nous débattrons dans le même mouvement l’héritage de la Révolution française, de la Commune et du Front Populaire, pour interroger les dynamiques, remettre en scène les croyances, relancer les débats qui ont traversé ces moments révolutionnaires.

En mobilisant les savoirs et les œuvres sensibles, nous voulons comprendre ce qui fait l’actualité des aspirations à renverser l’ordre des choses, à se réapproprier le monde, la planète, nos vies.

Le festival Raisons d’agir est organisé par l’association Raisons d’agir-Poitiers, en partenariat avec l’Espace Mendès France et le cinéma Le Dietrich, avec le soutien financier de la ville de Poitiers, de l’U.F.R Lettres et Langues et de l’U.F.R. S.H.A de l’université de Poitiers, et de la région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de l’appel à projet de culture scientifique, technique et industrielle « À prendre et à débattre ».

Mercredi 28 mars

17 h — 23h Revivre la révolution

Espace Mendès France

La révolution n’est pas un dîner de gala » a écrit un célèbre révolutionnaire ! Mais elle est un surgissement populaire passé dans la mémoire collective, avec ses récits, ses chants, ses drames. Raconter et représenter la révolution, par le film ou la bande dessinée, c’est travailler à en montrer tout l’ancrage historique en même temps que les résonances les plus actuelles.

17h — 19h Projections au Planétarium

L’émeute sur la barricade, Alice Guy, 1906, 4min La Commune, Armand Guerra, 1914, 18min La Révolution de 1848, Coopérative Générale, 1949, 20min La Révolution Française, Gaumitz, 1989, 10min

Projections suivies d’un échange avec Benoît Perraud, auteur-réalisateur, et Thomas Dupuis, éditeur, co-auteur avec Grégory Jarry de Petite histoire de la Révolution française, édition Flblb, 2015. Session animée par Hélène Stevens, sociologue.

20h30 Les révolutions entre colères et constructions politique

Conférence – débat avec Anne Jollet, maîtresse de conférences en histoire, université de Poitiers, coordonnatrice de la rédaction des Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique. Soirée animée par Bertrand Geay, politiste.

Toute Révolution se déploie dans un Temps qui a une durée, indéterminée bien sûr pour les acteurs et actrices, faite du surgissement en son cours de nouveaux faits et de nouveaux projets à même de révolutionner l’état existant de la société. Le cas de la Révolution française est de ce point de vue remarquable, en particulier lorsqu’on s’arrête sur le moment qui précède et qui suit le 17 juillet 1791. Comment se transforment les représentations du pouvoir en place ? Quel rôle joué par la colère du peuple et par les actions politiques organisées ? Comment d’une protestation de rue passe-t-on à des mobilisations structurées sur des mots d’ordre communs, à la mise en cause du régime monarchique et à de nouveaux mouvements populaires révolutionnaires ? On mettra en débat les enseignements que l’on peut tirer d’une telle analyse.

Jeudi 29 mars

16h — 18h30 Croire en la révolution

Hôtel Fumé – Amphi Pierre Bourdieu

La révolution d’octobre 1917 et la révolte de 1968 sont passées à l’état de véritables mythes. Après avoir inspiré des générations de militants, l’une est désormais réduite à une sorte de matrice de la terreur d’État, l’autre est rendue responsable de la ruine de toutes les formes d’autorité. Mais, d’une époque à l’autre, qu’en est-il de ce qui a porté les passions révolutionnaires ? Quelles ont été les manières d’adhérer à la cause révolutionnaire ? Quelles furent les désillusions, les inventions collectives ?

Table ronde avec Bernard Pudal, politologue, professeur de science politique à l’université Paris X Nanterre et chercheur associé au laboratoire Cultures et sociétés urbaines, Boris Gobille, maître de conférence en science politique à l’École normale supérieure lettres et sciences humaines de Lyon, chercheur au Laboratoire Triangle-CNRS, et Éric Brun, sociologue, CURAPP-ESS, Amiens, et CESSP, Paris. Session animée par Pascal Boissel, psychiatre et militant, et Pierig Humeau, sociologue.

20h30 La Commune,

Cinéma Le Dietrich

Projection exceptionnelle du film de Peter Watkins (2000, 3h30) Séance présentée par Benoit Perraud, auteur-réalisateur.

Les 17 et 18 mars 1871, le peuple parisien, qui refuse la capitulation, se révolte. La Commune de Paris est née. Alors que la télévision versaillaise rapporte l’événement de façon partielle et orientée, une commission communarde se crée et s’organise pour relayer ce moment qui, bien que majeur dans l’histoire du mouvement ouvrier, reste néanmoins l’une des périodes les plus méconnues de l’histoire de France. Les journalistes se rendent sur les lieux où naît la Commune : mairie, barricades, clubs féministes, etc. et procède à des interviews pour rendre compte à la population de la réalité. Les gens disent leurs rêves, leurs révoltes, leurs combats et opposent leurs opinions…

Dernier film à ce jour de l’immense cinéaste Peter Watkins, que nous avions reçu en 2010 pour présenter son film Punishment Park, La Commune est une expérience exceptionnelle : reconstituer l’évènement de la Commune de Paris dans un hangar aujourd’hui. Tourné avec beaucoup d’acteurs non-professionnels, certains des Versaillais ont été recrutés par une petite annonce passée dans Le Figaro alors que les communards ont été recrutés parmi les habitants du XIe arrondissement de Paris. Ils mettent leur énergie et leurs réflexions sur ce passé et le monde d’aujourd’hui, tandis que Peter Watkins introduit la représentation télévisuelle anachronique pour évoquer la construction de la mémoire collective. Une œuvre essentielle, qui s’apprécie ensemble dans une salle de cinéma. Nous vous proposons ici sa version courte (!) de 3h30.

Vendredi 30 mars

14h — 15h30  Les femmes de la révolution

Hôtel Fumé– Amphi Pierre Bourdieu

D’Olympe de Gouges à Leslie Kaplan en passant par Rosa Luxembourg, les étudiantes de 3ème année de Licence de Lettres évoqueront, à travers des dispositifs variés, le rôle parfois central des femmes dans les mouvements révolutionnaires et le lien entre révolution et émancipation féminine (droits de vote, révolution sexuelle…). Session animée par Stéphane Bikialo et Julien Rault, maîtres de conférences en lettres, à l’université de Poitiers.

16h — 18h30 Nouvelles luttes, nouvelles pratiques

L’époque serait à la désillusion, au repli sur soi ou à l’avènement des solutions pragmatiques. Enfin, on en aurait fini avec, comme on dit, « les idéologies ». Pourtant, dans les luttes urbaines comme dans celles du travail, au cœur des enclaves zadistes comme à proximité des postes-frontières, l’aspiration à un autre monde résiste et entend s’organiser selon des voies nouvelles. Avec les interventions :

Quartiers populaires, quartiers politiques par Denis Merklen, maître de conférences à l’université Paris Diderot – Paris 7 et membre de l’Institut de recherches interdisciplinaires sur les enjeux sociaux – IRIS, École des hautes études en sciences sociales de Paris. Lutte urbaine. Participation et démocratie d’interpellation à l’Alma-Gare par Paula Cossart, maîtresse de conférences en sociologie à l’université de Lille III, centre de recherche « Individus, Épreuves, Sociétés » (CeRIES). Alternatiba Poitiers par Christiane Queyreix, militante, membre Alternatiba Poitiers Session animée par Étienne Douat, sociologue, et Pascal Canaud, syndicaliste enseignant

20h30 Chanter la révolution – Concert et bœuf musical

Plan B

Venez écouter et chanter en chœur les révolutions, le féminisme et les luttes avec Les Griottes du Baobab. Seront à l’honneur les chansons engagées qui traversent le temps et les continents. Et pour clore cette soirée festive, tous les musiciens présents seront invités à rajouter leur « griotte » lors d’un bœuf musical !

Informations pratiques

Entrée gratuite à tous les événements sauf pour la projection du jeudi soir, au Cinéma Le Dietrich : plein tarif : 5,5 € ; tous tarifs réduits : 4 € ; tarif Le Joker : 3 €

Espace Mendès France
1 place de la Cathédrale 05 49 50 33 08 — emf.fr

UFR Sciences Humaines et Arts
Hôtel Fumé – 8, rue René Descartes 05 49 45 45 45

Cinéma le Dietrich
34 Boulevard Chasseigne 05 49 01 77 90 — le-dietrich.fr

Le Plan B
30-32 boulevard du Grand-Cerf 09 50 56 16 59 — barleplanb.fr

Site internet Raisons d’agir : https://festivalraisonsagir.org/
contact@festivalraisonsagir.org