Résidence YANN LEGUAY (FRA) du 13 au 17 mai 2019. Création sonore
SORTIE DE RÉSIDENCE // Planétarium // VEN 17 MAI 18H30// entrée libre
En coproduction avec Jazz à Poitiers
Yann Leguay réalise un travail sur la matérialité du son et cherche à plier cette réalité sur elle-même en utilisant des moyens simples sous la forme d’objets, d’éditions, de vidéos ou lors d’installations et de performances qu’il réalise dans divers lieux et festivals internationaux. Grand explorateur des parasites électriques et des ondes électromagnétiques, Yann Leguay s’interroge sur la mémoire au sens large, la recherche sur les supports d’enregistrement, les nouvelles technologies, la recherche et le developpement (R&D), la géologie et même l’histoire (des sciences ?). Ses nouvelles recherches l’amènent donc à la confluence de ces territoires d’investigation et d’hypothèse, dans un cheminement forcément transdisciplinaire.
Quelques pistes et questions pour ce travail de recherche en résidence à Poitiers :
Nombreuses de mes interrogations tournent autour de la notion d’enregistrement appliquée à la géologie et à l’archéologie.
Ces questions viennent aussi croiser les domaines de la chimie et de la physique qui j’imagine sont beaucoup utilisé pour extraire les informations recherchées. Ayant personnellement et durant de nombreuses années travaillé sur les supports d’enregistrement audio , j’aimerai augmenter ces recherches en y introduisant d’autres domaines tel la géologie, l’archéologie, la chimie et la physique.
Voici dessous plusieurs pistes dont je ne connais pas encore, ni la faisabilité, ni le potentiel d’idées qui peut surgir suite à des expérimentations :
– Est-il possible de sonifier (rendre en son) la composition chimique des différentes roches ?
– Comment sonifier les strates géologiques, notamment par le magnétisme et/ou le relief, comme on lirait un disque ou une donnée dans un disque dur ?
– Est-il possible de modifier les charges magnétiques dans la roches ? Par quel moyen afin de l’utiliser comme un support d’enregistrement sonore.
-Travailler sur la composition chimique des pierres et explorer leur potentiel sonore, via micro contact , accéléromètre, par érosion chimique, rupture structurelle, combustion…
– Est-il possible faire entrer en fusion une roche sous forme de magma artificiel ?
– Quelle est la particularité des terres rares (en lien avec les matériaux utilisé dans la technologie de pointe) , quelle est leur impact sur l’environnement?
– Quelle place à l’anthropocène dans une échelle de temps géologique , et qu’elle serait son enveloppe sonore si tant est qu’il en possède une?
– L’archéologie est-elle une science de l’enregistrement ? si l’on considère le sol et sous sol comme un support.
– Quelle est la notion de bruit en chimie de la roche (trop d’information qui nécessite filtrage pour en extraire des données pertinentes)
– A quel point à-t-on conscience des traces que l’on « imprime » sur terre et quelle serait leur signification à l’avenir? et ainsi quel est le « bruit » que l’on produit et quel serait le filtre applicable pour en extraire une mélodie?
– Et si l’on considèrerait la composition chimique de la matière comme une composition musicale ?
Yann Leguay , 1981 (France). « Les notions de matérialité et dématérialisation m’ont beaucoup questionné à travers ce que j’ai pu témoigner et expérimenter (essentiellement par le son) de l’évolution technologique de ces dernières années. J’ai toujours voulu apporter un regard critique sur ce que l’on a nommé dématérialisation, et après de nombreuses recherches dans ce domaine (notamment par des lectures comme Simondon, Kittler, Benjamin, Stern…) je peux affirmer qu’il n’y a pas de dématérialisation. Il n’y a au fond qu’une délocalisation de la matière au travers de nombreuses interfaces miniaturisées, dont on perd le contrôle et l’appréhension, qui tend à vouloir nous séparer de la matière et nous place au final que comme simple utilisateur. »
«Yann Leguay centre son travail sur la matérialité du son et plus largement des données en cherchant à replier sur elle-même cette matérialité par des moyens simples sous la forme d’objets, d’éditions, de vidéos ou lors d’installations et de performances qu’il réalise dans divers lieux et festivals en europe («Turntable Music Night» au STEIM à Amsterdam, «Pixelache» au Kiasma Art Center à Helsinki, «Le nouveau festival» au Centre Pompidou…) et ailleurs (Eastern Bloc à Montréal, Skaftfell en Islande, Opéra festival à Mexico…).
Le détournement, la tautologie, le déplacement sont les ingrédients principaux de ces créations révélant ainsi leur essence première , leur caractère interne tenant parfois de l’absurde , leur autonomie formelle et conceptuelle.
Actif sur la scène expérimentale depuis 2007 avec plus de 200 concerts a son actif , il est défini comme «media saboteur» par le label Consumer Waste. Son approche très directe et sans concession des normes admises en musique l’amène à utiliser des outils non-conventionnels dans ses concerts. Une disqueuse pour découpé microphone amplifié jusqu’à la perte du signal ou encore l’utilisation de disques durs comme tourne-disques. Ses productions résultent aussi de ses déviances : disques vinyle 45T sans trou central, album composé d’enregistrements de vinyles rayés au scalpel, ou de lecteurs CD défaillants…
Avec cette même approche, il participe à des recherches chorégraphiques utilisant la scène dans son ensemble comme instrument musical (avec par exemple «Meanwhile de Gaetan Rusquet ou «Atomic 5.1» de Ula Sickle, Tangente à Montréal, Bo:m festival à Seoul , Plateformes Contemporaines à Kinshasa…) et réalise des compositions pour des films d’artistes («Pelgrimage» de Zhenchen Liu, «Planet A» et «Planet Z» de Momoko Seto…).
Il est aussi à l’origine du label indépendant Phonotopy créé en 2005 qui propose une approche conceptuelle des supports d’enregistrement avec l’édition de disques pour le moins originaux. Depuis 2010 il dirige également la collection DRIFT, au sein du label Artkillart, un concept de disque vinyle avec des sillons entrecroisés qui provoque une lecture aléatoire, le premier opus avec Martin Tétreault, ErikM, Takuro Lippit et Arnaud Rivière, la seconde sortie consiste en un disque possédant une superposition de silence accompagné d’un texte de Samon Takahashi.
Très investi dans le domaine de la musique expérimentale, il ouvre avec Frédéric Bernier et
Jean-François Blanquet le HS63 à Bruxelles en 2013, un lieu dédié à ce type de recherche musicale avec
plus d’une centaine de concerts. Ce lieu permet la rencontre et l’échange entre des artistes sonores d’origines
très diverses ».
De 10:00 à 20:30