Fish toi pas d'l'eau - Balade sur la voie de l'eau

Publié par Association FISH, le 17 novembre 2025   76

Dans le cadre de l'appel à projets CSTI "Faire pousser des elles", Sophie Sourgen et Raphaël Jun nous ont fait découvrir une zone Natura 2000 à Uza, dimanche 2 novembre .

La pluie était encore présente pour accompagner les 18 aventurier·es dans cette balade à la découverte des zones humides de Saint-Michel-Escalus.
Pourquoi l'aventure ? Parce que dès le départ, notre guide scientifique Sophie nous annonce un parcours à la « Indiana Jones » dans un lieu sauvage, classé Natura 2000 et très peu fréquenté par l’humain. Nous escaladons des troncs, traversons un ruisseau à dos de nos compagnons de voyage pour celles et ceux qui n’ont pas prévu les bottes, évitons les ronces et découvrons des traces d’animaux sauvages.


En plus d’une aventure, cette balade naturaliste propose une immersion sensorielle et scientifique au cœur des paysages landais. Les aventurier·es sont invité·es à ouvrir tous leurs sens pour redécouvrir un territoire familier sous un nouvel angle, celui de la compréhension écologique. Animée par deux scientifiques passionnés, Sophie, ingénieure en environnement, et Raphaël, écologue, cette sortie met en avant la complémentarité entre la connaissance scientifique et l’écoute du vivant.


Saint-Michel-Escalus se situe à la confluence de deux cours d’eau : la Palue et le Binaou. Ce territoire, façonné par l’eau et le sable, témoigne de l’histoire géologique du bassin aquitain et abrite une grande diversité d’écosystèmes. Landes sèches, zones tourbeuses, forêts de chênes pédonculés et de bouleaux s’y côtoient, révélant l’équilibre subtil entre dynamiques naturelles et interventions humaines. Les pins maritimes, issus de reboisements massifs au XIXᵉ siècle, bordent aujourd’hui des zones où la végétation spontanée reprend ses droits.
Les zones Natura 2000 du Marensin, dont fait partie Saint-Michel-Escalus, visent à protéger cette biodiversité fragile tout en intégrant les activités humaines locales. La balade invite à réfléchir à ce dialogue entre nature et culture : comment préserver, restaurer, mais aussi habiter durablement un milieu vivant ?
Tout au long du parcours, le cycle de l’eau sert de fil conducteur. La pluie s’infiltre dans le sable, se filtre à travers les nappes phréatiques, et alimente les ruisseaux et zones humides. Ces milieux jouent un rôle essentiel dans la dépollution naturelle : les sables retiennent les impuretés tandis que la flore et les micro-organismes participent à l’épuration.
Nos deux guides montrent comment la végétation révèle la nature du sol : la bruyère signale les landes sèches, la molinie bleue indique les zones humides. Ces indicateurs écologiques permettent de comprendre la dynamique du paysage et les interactions entre sol, climat et flore.
Les ruisseaux, souvent d'anciens canaux réhabilités, témoignent de la manière dont les humains ont façonné — puis laissé — la nature reprendre ses droits. Ces milieux renaturés accueillent aujourd’hui une riche biodiversité : libellules, amphibiens et peut-être la discrète loutre d’Europe, symbole de la reconquête écologique des Landes.


Cette lecture du paysage s’accompagne d’une approche sensorielle : écouter le clapotis de l’eau, sentir les parfums de fougères et de pin, toucher la tourbe spongieuse. La science se fait ici expérience vécue — une pédagogie incarnée, souvent transmise par des femmes médiatrices de la nature, qui valorisent autant l’émotion que la connaissance.
Les discussions rappellent aussi le rôle de l’histoire sociale dans la transformation des paysages. Après les guerres mondiales, la déprise agricole a permis à la forêt de regagner du terrain. Aujourd’hui, les forêts humides de chênes et de bouleaux offrent un refuge à la faune et participent à la régulation hydrologique.
La balade s’est conclue dans une atmosphère de calme et de gratitude, autour d’un goûter convivial à l’abri. Chacun·e prend conscience que le paysage landais est un système vivant, en perpétuelle évolution, où chaque plante, chaque flux d’eau, chaque trace animale témoigne d’un équilibre subtil entre passé humain et forces naturelles.
Au-delà de la découverte naturaliste, cette sortie valorise la place des femmes dans les sciences environnementales. Leur approche sensible, inclusive et pédagogique renouvelle notre regard sur le vivant. Par leurs observations patientes et leur engagement pour la biodiversité, elles incarnent une écologie humaniste et coopérative.
À Saint-Michel-Escalus, la science se vit les pieds dans la tourbe, le nez dans les bruyères et les oreilles grandes ouvertes — une expérience à la fois scientifique, poétique et profondément humaine.
Nous clôturons cette belle balade de 3 h avec un bon goûter et continuons nos échanges à l’abri.
Merci à Sophie et Raphaël pour cette belle aventure dans les zones humides du territoire.