Fish toi pas d'l'eau - Ciné débat
Publié par Association FISH, le 4 novembre 2025 30
Dans le cadre de l'appel à projets CSTI édition 2025 faire pousser des elles; FISH a organisé un ciné-débat le 12 octobre 2025, autour du documentaire Au cœur des volcans de Werner Herzog.
Sophie Thomas, bénévole du FISH et du cinéma le Kursaal de Castets, nous a d'abord expliqué son choix. Il est présenté comme un requiem pour Katia et Maurice Krafft.
Le réalisateur s’est servi de ruchs tournés par le couple pour redonner vie à leurs images époustouflantes et pour témoigner de leur travail et de leur passion commune. Les images tournées par les deux scientifiques (Katia préférant la photo) ont permis de faire connaitre au grand public la beauté des phénomènes volcaniques, les dégâts écologiques et humains qu’ils causent, et bien sûr leur dangerosité.
Ils sont morts tous les deux sur le mont Unzen pendant une éruption.
Dans ce documentaire, il est question du travail de Katia et Maurice Kraft, mais aujourd’hui nous considérerons plus particulièrement celui de Katia en tant que femme scientifique, même si son travail est difficilement dissociable de celui de son mari puisqu’ils ont beaucoup travaillé tous les deux. Une force pour eux d'amener chacun leur passion, leurs compétences et d'affronter les dangers ensemble.
Après ce magnifique voyage au cœur des volcans, Sophie Sourgen a partagé son parcours dans le domaine des sciences, passionnée des maths et de la nature, puis sa rencontre avec Raphael Jun lors d’analyses terrain. Nos deux intervenants scientifiques ont ensuite initié le débat autour de la question : “Quelle place pour les femmes dans les sciences aujourd’hui ?”
3 éléments essentiels en ressortent :
1. Les freins persistants à la carrière scientifique féminine
Les échanges ont d’abord souligné la persistance de stéréotypes : la croyance tenace que les
femmes seraient “moins douées pour les sciences”, notamment en mathématiques, limite
encore les ambitions des jeunes filles.
Sophie Sourgen a témoigné de son parcours marqué par un manque de confiance, une
orientation insuffisante vers les métiers scientifiques « peu de personnes venaient présenter
des métiers dans la recherche ou dans les sciences après le bac », et des discriminations
implicites à l’embauche.
Le poids des représentations sociales reste fort : la femme est encore souvent perçue comme
garante de la sphère familiale, ce qui rend difficile la conciliation entre vie personnelle et
carrière exigeante, en particulier dans la recherche.
Nos intervenants citent les chiffres de l’astrophysicienne Françoise Combes qui défend la
place des femmes scientifiques : seulement 28 % des femmes ont une place dans la recherche.
Le plafond de verre se fissure mais persiste, précise-t-elle.
Si des progrès sont notables depuis les années 1990 — davantage de femmes dans la santé, la
biologie ou l’environnement — la parité reste inégale dans les domaines de l’ingénierie ou
des sciences fondamentales. Les participants ont évoqué la “double contrainte” vécue par de
nombreuses femmes : prouver leurs compétences tout en se justifiant de leurs choix familiaux.
Certaines ont noté une évolution des priorités chez les jeunes générations, davantage en quête
d’équilibre de vie, chez les femmes comme chez les hommes.
2. Le binôme homme/femme : une force et un modèle
Le film a permis de mettre en lumière la complémentarité entre Katia et Maurice Krafft :
chacun apportait des compétences et un regard singulier. Cette dimension de binôme a été
saluée comme un modèle d’équilibre professionnel et personnel, où la coopération prime. Nos
intervenants ont rappelé que la mixité en science est une richesse : elle favorise la diversité
des approches et l’innovation.
Des témoignages ont aussi évoqué les difficultés physiques et logistiques rencontrées sur le
terrain, souvent perçues comme des freins pour les femmes, mais que le travail en équipe
permet de dépasser.
3. Les enjeux locaux et les perspectives
Le débat s’est conclu sur la nécessité de valoriser les modèles féminins scientifiques du
territoire, souvent méconnues, afin d’inspirer les femmes. Des initiatives locales, comme
l’École de la Dune avec la Maison des rivages et l’ingénieur naturaliste de l’ONF, a été citée
pour illustrer cette dynamique de sensibilisation à la science aux jeunes femmes en Nouvelle-
Aquitaine. Et le site Ethnosciences pour valoriser les actions des femmes scientifiques sur
notre territoire.
Conclusion
Cette rencontre a permis de relier la passion et le courage de Katia Krafft à la question
contemporaine de la place des femmes dans la recherche. À travers l’image du couple Krafft,
c’est l’idée d’une science partagée, complémentaire et inclusive qui a été mise en avant.
Le ciné-débat a ainsi souligné l’importance de continuer à “faire pousser des elles”, en
donnant à voir des parcours inspirants, des collaborations mixtes réussies, et en encourageant
les femmes à oser les métiers scientifiques.
Le débat a fini par un délicieux gouter fait maison par une bénévole du FISH passionnée de
cuisine et de… la nature comme beaucoup d’entre nous !
