La médiation en archéologie dans le cadre d’un événement L’exemple des JNA

Publié par Cap'Archéo, le 15 février 2019   2k

Pilotées par l’Inrap sous l’égide du Ministère de la Culture, les JNA - Journées Nationales de l’Archéologie - sont désormais un rendez-vous scientifique et culturel incontournable.

Fort de son expérience dans la médiation en archéologie, Cap’Archéo a fait le choix de participer régulièrement à cette manifestation et y contribue activement depuis plusieurs années. Néanmoins, si adhérer à un événement de cette ampleur peut être satisfaisant, voire même amusant, l’organisation se révèle ponctuée de défis et, parfois, d’embûches. 

Nous partageons ici notre expérience et vous dévoilons notre mode d’emploi.

Le cadre : Quelles sont les spécificités des JNA ?  

En premier lieu, on évoquera la thématique : l’archéologie. Les organisateurs peuvent la décliner selon leur gré en définissant eux-mêmes les sujets à traiter. Puis, on rappellera le calendrier : 3 jours, du vendredi au dimanche, à la mi-juin, mais pas d’obligation de proposer des événements sur toute la durée de la manifestation. Viendra ensuite le lieu : la manifestation touche tant les chantiers que les labos de recherche, en passant par les musées et les sites patrimoniaux. Et on terminera avec la gratuité pour le public.

Les enjeux : Pourquoi adhérer à la manifestation ? Comment donner du sens à sa participation ?

Le pourquoi de l’organisation d’un événement est sans doute aussi important que son comment. Tout commence avec la définition des enjeux. Cap’Archéo a posé les siens :

  • Reconnaître l’archéologie en tant que science
  • Mettre à l’honneur les chercheurs
  • Identifier les structures impliquées dans la recherche archéologique
  • Reconnaître ses pairs, et ce, en tant que visiteur, chercheur ou médiateur
  • Favoriser le développement d’une attitude archéo-citoyenne auprès des publics
  • Élargir et diversifier nos publics, mais aussi les surprendre et les fidéliser

Le budget : A combien s’élève-t-il ?

Au-delà de l’appui logistique et médiatique de l’Inrap et du ministère, les structures qui participent à la manifestation n’ont pas de financement. Elles assument seules les frais d’organisation et les charges de personnel. Vigilance donc !

Le lieu : Où s’installer ?

Le lieu est le visage de l’événement. Il doit être en adéquation avec l’ambiance et les messages de la manifestation. Bien le choisir, cela est un facteur de succès déterminant. Mais comment identifier le bon site ? Visibilité, accessibilité et crédit seront les premiers éléments à prendre en compte au moment de la sélection.

Cap’Archéo, qui a la particularité de ne pas être rattaché à un site archéologique et de ne pas disposer de collections, a jeté son dévolu sur Cap Sciences, notre maison-mère, qui nous offre la possibilité d’associer un événement récurrent à un lieu bien identifié. 

Plusieurs raisons à cela : le CCSTI bordelais est un lieu de science connu par nos publics et porteur d’une riche programmation d’événements culturels. Le bâtiment a une grande capacité d’accueil et est facilement accessible. Il est aussi doté d’équipements scientifiques et numériques performants et, aspect non négligeable, nous pouvons en bénéficier gratuitement.

Le sujet : Comment aborder l’archéologie ? Comment susciter l’intérêt ? 

Les titres des derniers événements JNA organisés par Cap'Archéo illustrent assez bien les paramètres qui guident notre sélection de sujets archéologiques.  Ceux-ci devront être d’actualité (« Le patrimoine menacé » JNA 2016), innovants (« Les nouvelles technologies », JNA 2017), déclinables en différents formats et cohérents (« L’archéologie inattendue », JNA 2018).

Le(s) public(s) : Qui peut participer à l'événement ?

Les JNA ont pour ambition de sensibiliser les publics les plus divers à l’archéologie et nous adhérons complètement à cette directive. Cela implique curieux, passionnés et connaisseurs ; jeune public, adultes et familles ; étudiants et professionnels ; touristes et citoyens éclairés.

Un accueil privilégié est généralement réservé au public scolaire, mais cela fait déjà partie de notre programmation habituelle. Avec Cap’Archéo, les élèves cessent d’être un groupe-cible et endossent le rôle de médiateurs.

Les intervenants : Qui impliquer ? Dans quel rôle ?

A côté des jeunes élèves porteurs de projets, nous collaborons régulièrement avec différents chercheurs et opérateurs de l’archéologie, avec nos partenaires culturels et scientifiques et la presse spécialisée, mais aussi avec des étudiants, des structures de formation et des médiateurs professionnels. 

Les formats : Quelles propositions pour les publics ?

Pour toucher au cœur les publics, il faut élaborer des « recettes » de médiation surprenantes et, en même temps, rassurantes. Au menu :

  • Les incontournables > conférences, projections de films, stands et rencontres
  • Les mises en bouche > démonstrations et manipulations
  • Les plats de résistance > ateliers des pratiques animés par des médiateurs
  • Les desserts > débat mouvant, musée éphémère, escape game et autre format innovant.

La communication : comment faire connaître l’événement ?

Tout est prêt, il ne reste plus que s’assurer que tout le monde le sache. Et surtout, qu’il ait envie de venir ! Le point de départ est l'annonce de l’événement sur le site web de la manifestation qui a l’avantage de réunir toutes les informations nécessaires et d’avoir une portée nationale.

Le programme peut également être distribué localement en format papier ou bien être envoyé par mail en guise d’invitation personnalisée. Mais les mails et les réseaux sociaux restent nos meilleurs amis. Cela avant, pendant et même après l’événement !

Le bilan : L’événement est-il réussi ? Comment l’évaluer ? 

Les JNA passées, il est à présent possible de faire le point sur notre participation à la manifestation et d’en estimer la réussite. En effet, ce n’est pas parce que tout le monde a passé un bon moment que l’événement est un succès. Et l’inverse est vrai également. Quelles questions faut-il se poser ? Quels critères faut-il prendre en compte ?

La fréquentation est évidemment un bon indicateur. Si les visiteurs viennent à nous et qu’ils sont de plus en plus nombreux, nous pouvons nous réjouir d’une tendance positive. Leur avis compte tout autant, de même que celui des intervenants : ont-ils apprécié leur participation à l’événement ? Il faudra tout simplement leur poser la question.

Le bon fonctionnement (des dispositifs, des animations, des flux des visiteurs…) c’est un point essentiel de l’évaluation. Rien de pire que de se déplacer pour un événement et de ne pas pouvoir en profiter dans les meilleures conditions. Nous nous exposons à des commentaires négatifs, souvent sur les sites spécialisés et sur les réseaux sociaux. Vigilance donc sur les retombées médiatiques de l’événement.

Surtout pas de silence radio sur la participation aux JNA ! Il est important de se faire entendre, de remercier et de partager le bilan de la manifestation. Cela permet de se construire une certaine crédibilité pour le prochain événement.

Il est d’ailleurs possible de booster, par la diffusion et le réinvestissement, les contenus créés pour et pendant l’événement. De nouvelles actions de médiation pourront alors être lancées.

Enfin, qu’avons-nous pensé de l’événement ? Sommes-nous contents de son déroulement ? Nos efforts ont été récompensés ? Avons-nous atteint nos objectifs ? Pouvons-nous absorber les coûts engagés ? Quels enseignements pouvons-nous en tirer ?...


Et pour conclure, voici notre devise pour l'organisation du prochain événement archéo : toujours se poser les bonnes questions et ne pas oublier de checker sa liste!

RDV les 14, 15 et 16 juin 2019 pour la 10e édition des JNA. Un anniversaire qui se fête avec l'ouverture des portes de la manifestation à d'autres pays européens.