POSE ET ETUDE DE NICHOIRS A MERIGNAC

Publié par Martial THEVIOT, le 14 février 2018   3.1k

POSE DE NICHOIRS VARIÉS A MÉRIGNAC (33700) SUIVIE D’UNE ÉTUDE SCIENTIFIQUE ET PARTICIPATIVE SUR LEUR OCCUPATION PAR L’ASSOCIATION JARDIN-ET-ECOTOURISME (www.jardin-et-ecotourisme.fr)

LES PRINCIPAUX BUTS DE CE BEAU PROJET

Ce projet présente plusieurs aspects intéressants et complémentaires :

- cette étude a un excellent rapport qualité/coût puisqu’elle sera entièrement bénévole et qu’elle concernera une grande variété d’espèces animales : mammifères (écureuil, micromammifères comme le mulot et les chauves-souris), oiseaux cavernicoles et insectes.

- c’est l’une des solutions pour sauvegarder nos auxiliaires de la faune sauvage « cavernicole » (et amis du jardinier entre autres : mésanges très grandes consommatrices de chenilles) qui trouvent de moins en moins d’arbres morts indispensables à leur reproduction puisque les vieux arbres sont éliminées pour des raisons de sécurité (il y a donc moins de « trous/cavités » pour nicher).

- c’est une forme de sensibilisation destinée à un large public sur des thèmes porteurs 
comme la biodiversité et la préservation, enrichissante pour tous, notamment les promeneurs verront concrètement les nidifications des espèces les moins farouches (mésanges bleue et charbonnière, par exemple). Ils seront alors incités à faire de même dans leur jardin.

- c’est la possibilité de réintroduire par ce moyen des espèces disparus de ces lieux actuellement : rouge-queue à front blanc, torcol, mésange huppée, chouettes.

- enfin, c’est l’occasion de réaliser de nouveaux modèles de nichoirs et de les tester sur le terrain.

PRÉSENTATION DÉTAILLÉE DE L’OPÉRATION

Nous procédons en trois étapes :

- Étape 1 : Chaque hiver (fin décembre), nous posons (et poserons) des nichoirs dans les espaces verts de Mérignac. Les nichoirs (un pour 100 m²) sont placés à plus de 3,50 m de haut et  solidement attachés pour éviter les vols et les dégradations. Ils portent une étiquette informative pour nous contacter en cas de besoin.

Pour le bois des nichoirs, nous utilisons que du bois brut : soit du pin maritime de provenance locale, soit du cèdre rouge (pour la durabilité).

Notre but est d’avoir la plus grande variété possible de nichoirs. Ainsi, pour les oiseaux par exemple, les trous d'entrée seront non seulement destinés au mésanges charbonnières et bleues, mais il y aura aussi des trous d'envols plus petits (troglodyte) et plus grands (pic, chouettes, huppe fasciée, écureuil), des trous ovales (moineau, rouge-queue à front blanc), des abris recouverts d’écorce (grimpereau des jardins, sittelle torchepot), des nichoirs ouverts à rouge-gorge et à gobemouche gris, des nichoirs à bergeronnette (placés sous les ponts). A ces gîtes pour oiseaux, s’ajouteront des nichoirs à insectes, des gîtes pour diverses chauve-souris (ouverture horizontale entre 1 et 2,5 cm de large sur toute la largeur, en bas) et des balles de tennis (avec un trou de 25/28 mm) pour les petits mammifères.

Une partie des nichoirs (notamment les nichoirs "expérimentaux et innovants" introuvables dans le commerce) est construit (entre autres) par les adhérents de notre association, très motivés par ce projet. D'autres nichoirs sont aussi achetés tels quels car le coût de revient est le même que l'on construise un nichoir ou qu'on l'achète tout fait. Et en plus, ces derniers sont de meilleure qualité (solidité, étanchéité) que ceux construits par des amateurs (pas forcément bricoleurs).

- Étape 2 : Au printemps, d’avril à juin, une étude à distance (pour ne pas déranger) en utilisant jumelles et longue-vue nous permet de noter le taux d’occupation,les espèces nicheuses, les dates de nidification, les comportements et la prédation. Un autre système de suivi, plus efficace (en temps et en nombre d’informations recueillies) mais plus coûteux, est envisagé à l’avenir (voir le dernier paragraphe « projet d’amélioration ultérieure »).

Simultanément, une campagne de sensibilisation est menée auprès des élus, des écoles et de la population. Cette étude est réalisée par une centaine d’adhérents de l’association, certains employés des espaces verts, les écoliers (avec leurs professeurs) et les usagers des parcs mérignacais.

- Étape 3 : En automne (octobre), lors du vidage et du nettoyage des nichoirs, l’observation du contenu permettra d’analyser les constituants du nid (pourcentage des divers matériaux), par exemple) et de juger du taux de succès de la nichée (oeufs non éclos, oisillons morts, parasites relevés). Le suivi s’effectuera sur plusieurs années, avec l’espoir que plus de deux-tiers des nichoirs soient occupés avec le temps.

Si cette campagne est un succès, un prolongement est envisagé avec la pose de nichoirs à faucon crécerelle et à hirondelle, ainsi qu’un pré-creusement d’un boyau dans une falaise pour la nidification du martin-pêcheur.

FAISABILITÉ DE CE PROJET.

Le projet a été testé par le placement des premiers nichoirs dès 2016 sur Mérignac. Et c'est parce que les résultats ont été probants que nous souhaitions passés à une échelle beaucoup plus grande. Ce projet s'enracine donc déjà dans une expérience vécue, mais trop limitée dans son envergure faute de moyens financiers pour notre association (petite mais dynamique avec des bénévoles particulièrement motivés). Et c’est donc grâce à l’allocation de 400 € octroyée par le Comité de labellisation des projets 2018 de CSTI en Nouvelle Aquitaine que nous allons pouvoir le poursuivre à plus grande échelle.

COMMUNICATION POUR SENSIBILISER LA POPULATION

Notre campagne de sensibilisation sera réalisée par l’intermédiaire des radios locales, sur notre site Web, par mailing, par des sorties guidées et commentées (dont l’une avec un récital de musique classique prévue pour le 18 août 2018) sur les sites auprès de certaines écoles primaires (proches des parcs), des Seniors et d'autres organismes (Club des Entreprises, Mérignac Accueil, école de la deuxième chance de Bordeaux, retraités d’Arlac ANR33) et surtout par des articles dans les journaux locaux (dont Sud- Ouest, Courrier de Gironde, Bordeaux7, 20 minutes).

D’autres annonces seront faites (nos réseaux sociaux : Twitter et Google+, affichage, flyers dans les boîte aux lettres) pour que le public participe aussi en construisant des nichoirs qui s’ajouteront à ceux que nous avons déjà posés.

Une aide concrète (prêt d'escabeau, suivi, réparations) des employés des espaces verts sera apportée dans certains parcs.

SUIVI SCIENTIFIQUE 2017 POUR LES NICHOIRS « OISEAUX »

Au printemps 2017, 40 nichoirs avaient déjà été placés les mois précédents dans 6 parcs de Mérignac, mais 10 nichoirs ont été volés ou détruits, tous dans un seul et même parc (parc du château) et ces dégradations ont fait l’objet d’un grand article dans le journal Sud-Ouest (12 avril 2017) et d’une importante réaction de soutien de la population et d’une surveillance accrue par la police municipale.

L’observation des nichoirs a permis de constater que, sur les 30 nichoirs restants suivis, 16 nichoirs étaient occupés, ce qui représente un taux d'occupation de 53 %. Ceci constitue un bon résultat car ces nichoirs n’avaient été posés que 5 mois auparavant et nous nous attendons donc à un taux plus élevé pour le printemps 2018. En tout cas, pour nos rares détracteurs, le succès de l’adoption immédiate de ces gîtes par l’avifaune prouve clairement que notre programme de pose de nichoirs répond à un besoin du fait d’un manque de cavités naturelles dans les parcs de Mérignac. Les oiseaux ayant tout de suite répondu favorablement à notre initiative, ceci nous a décidé à poursuivre notre effort cet hiver 2017-2018 et pour les années à venir avec la pose de nouveaux nichoirs supplémentaires grâce à l’allocation accordée dans le cadre des appels à projets régionaux de CSTI .

Dès février, nous avons observé une compétition entre les oiseaux pour s’attribuer les nichoirs, surtout si ces derniers sont rapprochés. Quatre espèces nicheuses ont été identifiées dans nos gîtes : la mésange charbonnière (10 nichoirs), la mésange bleue (4 nichoirs), la sittelle torchepot (1 nichoir), le moineau domestique (1 nichoir). 11 nichées ont quittées le nid (soit un taux de réussite d’environ 70%). C’est après cette période (hors du nid) que la mortalité devient plus élevée pour les jeunes (capture par geai, corneille, pic épeiche, écureuil, chat...), mais nous ne pouvons pas le chiffrer.

Aucun des 5 nichoirs semi-ouverts n'était occupé. En milieu urbain, ce n’est pas étonnant car les rouge-queues noirs, les bergeronnettes et les rouges-gorges trouvent en général facilement des lieux de nidification en ville.

Trois autres nichoirs n’ayant abrité aucune nichée contenaient néanmoins des nids abandonnés. Un de ces nichoirs avait été visiblement bousculé : sa position était de travers et il y avait trois œufs non éclos : vent ? malveillance ? prédation par l’écureuil du fait de la présence de quelques plumes (cette dernière hypothèse a notre préférence).

On trouve aussi de 1 à 3 œufs non éclos là où des nichées sont parvenues à terme. Plusieurs hypothèses peuvent être émises : œufs stériles, jeunes femelles, condition météorologiques froides et humides, oiseaux dérangés, usurpation d’un nichoir avec début de ponte par un autre couple. Trois nichoirs présentaient des traces très nettes de bec (pic épeiche?) pour tenter d’élargir le trou d’entrée. Nous envisagerons de protéger le trou d’envol par une plaque métallique si nous devions constater à l’avenir une prédation par ce pic.

Les mésanges charbonnières pondent plus précocement que les mésanges bleues. Elles font aussi bien plus souvent une deuxième ponte (avec moins d’œufs) que les mésanges bleues, de préférence si la première ponte a été très précoce car il faut du temps pour arriver au terme de deuxième nichée avant mi-juin. Il est probable que le nombre d’œufs (et de petits) soit d’autant plus élevé que la répartition des nichoirs est moins dense (raisons : moins de compétition et davantage de nourriture disponible).

A noter que la mésange charbonnière utilise aussi le nichoir comme dortoir en hiver et aussi, dans une moindre mesure, la sitelle torchepot.

La sittelle ne maçonne pas le trou d’entrée puisque le diamètre est à sa taille. Par contre, elle enduit de boue une partie de l’intérieur du nichoir, notamment sous le toit où il y a des trouées laissant passer la lumière (et l’eau de pluie?).

En juillet, nous nous sommes aperçu qu’un nichoir destiné aux oiseaux était occupé par la guêpe sylvestre : le nid était suspendu à l’intérieur, sous le toit. Jusqu’en juin, la femelle assume seule l’élevage des larves dans un nid de moins 3 cm de haut au maximum et on ne voit guère d’activité jusqu’à cette époque. Par la suite, le nid finit par être repéré par les va-et-vient des premières générations de guêpes-filles.

En hiver, un nichoir placé à 2,5 m de haut a été occupé par un mulot sylvestre.

Beaucoup de nichoirs non pris par les oiseaux sont occupés par des araignées ou des chenilles.


PROJET D’AMÉLIORATION ULTÉRIEURE (si nous trouvons un financement)

Pour étudier discrètement la nidification dans nos nichoirs sans déranger les oiseaux, nous envisageons de les prospecter à l'aide d'une petite caméra orientable, munie d’une diode et fixée à l'extrémité d'une tige de bambou (ou mieux d’une perche télescopique) de plus de 3 mètres de long. Des nichoirs jusqu'à 5 mètres de hauteur pourront ainsi être discrètement et rapidement visités. L’écran de l’ordinateur portable permettra de voir immédiatement en direct l'image transmise. De plus, ce système présente l’intérêt de gagner un temps considérable, ce qui est indispensable lorsqu’on a beaucoup de nichoirs à contrôler. Grâce à la caméra, nous pourrons même compter le nombre d'œufs et/ou de jeunes présents dans les nids. Suprême luxe : nous verrons aussi s’il y a des nichées mixtes (mésange charbonnière/mésange bleue par exemple), ce qui était impossible auparavant puisque l’observation était externe. Le comptage des oisillons permettra d’estimer le nombre d’oiseaux à l’envol et donc l’apport quantitatif de nos nichoirs à la biodiversité. Jusqu’à présent, nous n’avions que des estimations grossières : par exemple en 2017, 16 nichoirs occupés x 8 oisillons en moyenne/nichoir = 128 jeunes oiseaux (si on considère une nichée par an et par nichoir).

*Pour avoir des informations complémentaires : nous écrire en utilisant l’onglet « contact » sur notre site Web www.jardin-et-ecotourisme.fr

le 14 février 2018 Martial THEVIOT

photographies jean-Claude Esnault (sauf les 2 avec les poseurs de nchoirs: Theviot Martial)