En cette première période de l’année scolaire 2024-2025, les éco-délégué.e.s du collège de Brantôme-en-Périgord ont été bien occupés ! En six séances, ces apprenti.e.s ingénieur.e.s ont su s’informer, se former et construire ensemble une exposition aux objectifs ambitieux : transmettre à leurs entourages de tous âges les grandes problématiques que soulève notre utilisation de l’eau et inventer des solutions aux problèmes identifiés. En bref, le groupe de vingt-quatre collégien.ne.s devait révolutionner les réseaux d’eau domestiques et faire mieux que les adultes travaillant sur le sujet depuis le début de l’Histoire des sciences. Relèveront-ils le défi ?

Des acteurs qui coulent de source

L’écologie, les collégien.ne.s brantômais commencent à connaître. Entre les Clean Walks organisées à chaque rentrée, des projets de découverte de la Dronne qui coule à deux pas de l’établissement, la mise en place de carrés potagers à côté de la salle d’étude et la cantine 100% bio, ce collège de Dordogne fait preuve d’autant de dynamisme que d’inventivité quand il s’agit de parler d’environnement. Ces jeunes experts de l’éco-citoyenneté étaient donc tout désignés pour s’emparer d’un sujet aussi complexe que la gestion de l’eau.

Les éco-délégué.e.s ont bénéficié du soutien de plusieurs entités : la région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de son PAI CSTI*, l’encadrement d’un enseignant passionné, l’accompagnement du Tri-cycle Enchanté - ressourcerie voisine de l’établissement et source intarissable de matière première prête-à-valoriser - et l’intervention du Parc Naturel Régional Périgord-Limousin qui a permis aux 300 élèves de l’établissement de faire le lien entre petit et grand cycle de l’eau. Avec toutes ces cartes en main, ils ont pu mettre sur pied une exposition à leur image : inventive, expérimentale et inspirante pour les petits et les grands.

*Programme d’Animation d’Initiatives de Culture Scientifique, Technique et Industrielle en Nouvelle-Aquitaine

État des lieux

Une première phase du projet Exp’EAU a permis au groupe de se familiariser avec l’élément, ses propriétés, ses applications ou encore les problématiques qu’il soulève : de la pollution invisible aux changements d’état en passant par ses différentes utilisations au quotidien. Pour ce faire, pas de cours théoriques ou de jargon technique mais un florilège d’expériences pour apprendre à observer, émettre des hypothèses et les mettre à l’épreuve de la réalité. En d’autres termes, c’est la démarche expérimentale qui guide l’apprentissage et la compréhension du sujet.



Les objectifs à atteindre n’ont donc pas tardé à émerger : dans chaque pièce d’une maison on observe du gaspillage, et chaque installation offre un défi unique. Armés de leurs connaissances et compétences en recherche documentaire, les ados ont donc constitué quatre groupes, pour répondre de quatre façons différentes à une question commune : comment utiliser au mieux l’eau du quotidien et réduire notre impact sur l’environnement ?

Les Sciences de l’Ingénieur niveau collège

Pour pouvoir proposer des solutions, il faut connaître les problèmes mais aussi les phénomènes scientifiques et techniques à l’origine de la conception de nos appareils du quotidien. Une phase d’ingénierie inverse – aussi appelée « bidouillage-d’appareils-pour-comprendre-comment-ça-marche » – a donc été nécessaire pour découvrir le principe du siphon, les mécanismes de la filtration ou encore les techniques de récupération des eaux de pluie.   

Les vacances d’automne débutant juste après cette séance, le collège a même pu servir de laboratoire en accueillant récupérateurs expérimentaux d’eau de pluie et essais de filtres en matériaux de récupération pendant la période de fermeture. À la rentrée, les résultats sont mitigés et posent parfois plus de questions qu’ils n’apportent de réponse … En effet, les installations ont subi les intempéries, se sont dégradées ou ont parfois même disparu, permettant de réfléchir à la différence entre bricolage à la va-vite et construction durable.

Ensuite, les élèves ont réuni leurs observations, idées et questionnements pour concevoir des alternatives aux installations actuellement présentes dans leurs maisons. L’eau qu’on fait couler dans le bac à douche en attendant qu’elle soit chaude ne pourrait-t-elle pas être récupérée ? Et celle qui lave les salades dans l’évier ou sort du sèche-linge ? Comment la chasse d’eau sait-elle quand s’arrêter, et est-ce qu’on ne pourrait pas recopier le principe ailleurs ? Les échanges s’animent, les questions fusent et les quatre prototypes grandeur nature commencent à prendre forme au fil des hypothèses, en se laissant guider par les expériences et les compétences en bricolage que ces collégien.n.es acquièrent pas à pas.

Les cycles de l’eau du territoire

Le 21 novembre, les vingt-quatre ingénieur.e.s en herbe mettent en pause leurs travaux le temps d’accueillir Baptiste Basnier, chargé de mission GEMAPI* pour le Parc Naturel Régional Périgord-Limousin, et sa maquette plus vraie que nature au sein de leur établissement. Les élèves et professeurs du collège ont tous eu l’opportunité de découvrir un bassin versant conçu pour refléter leur territoire et ses particularités. Pas besoin d’imaginer un paysage théorique, c’est leur réalité qui est à l’étude : les paillettes placées sur la maquette pour représenter les divers polluants employés dans les activités humaines sont un symbole sans appel de l’état des cours d’eau coulant à travers les campagnes de mousse expansive sculptée, tandis que le paysage évolue au fil des permutations de modules imprimés en 3D.

Un atelier spécial a été prévu pour les éco-délégué.e.s, avec pour objectif d’intégrer leur projet du quotidien dans une réflexion plus vaste, rendant visibles les interactions entre nos gestes de tous les jours, notre environnement et ce que l’on nomme communément le Développement Durable.

À la fin de cette journée, les ingénieur.e.s en herbe avaient donc ajouté à leur boîte à outils scientifique des notions d’écologie, d’hydrogéologie ou encore de météorologie. Concernant le matériel, les jeunes ont également réceptionné bacs de douche, éviers et pièces d’électroménager défectueux mis de côté par le Tri-cycle Enchanté, en plus du reste du matériel entièrement en récup’ nécessaire à leurs productions.

*GEstion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations

Vernissage solidaire !

Si l’on n’a pas besoin d’être un.e expert.e des sciences pour concevoir une exposition, une bonne dose de temps reste indispensable. Au terme de six séances d’accompagnement, l’animatrice du Tri-cycle Enchanté a donc passé le relais à Thomas Hirondelle, professeur d’Histoire-Géographie et d’Occitan et référent E3D* pour amorcer une phase de travail en autonomie qui durera jusqu’au mois d’avril 2025. Les schémas sont prêts, le matériel sur place, les rôles distribués et y’a plus qu’à !

Le vernissage de l’Exp’EAU coïncidera avec la journée de la course solidaire du collège, pour souligner les liens étroits entre sport, solidarité et environnement. Les collégien.ne.s, leurs familles et l’équipe pédagogique auront donc l’honneur d’y découvrir ce parcours de sensibilisation d’un nouveau genre et écouter les ados de Brantôme leur transmettre aussi bien leurs questionnements, connaissances et constats que leurs solutions pour un futur où l’eau s’utilise avec conscience et ingéniosité.

*Etablissement en Démarche de Développement Durable

Et après ?

Si pour le moment le travail des éco-délégué.e.s ne sera accessible qu’aux personnes qui gravitent autour du collège Aliénor d’Aquitaine, se pourrait-il que le grand public ait l’occasion de s’inspirer des prototypes et autres supports de sensibilisation dans un futur pas si lointain ?

Les créations et concepts des éco-délégué.e.s, accomplissement d’un gros travail de la tête et des mains, mériteraient sûrement un public dépassant l’enceinte du collège, et une exposition à destination du grand public est à l’étude pour l’été 2025 ... D’ici-là, souhaitons à ces apprentis scientifiques réussite et inspiration dans leurs bricolages à venir !