Atelier expérimental "Drôles d'allumettes" avec Paléo Estuaire à l'Imaginarium de Donnezac

Publié par Association L'Imaginarium, le 2 juillet 2023   660

Hier, une dizaine d'enfants a pu s'initier aux techniques ancestrales d'allumage de feu grâce à Dominique MILLET de l'association Paléo Estuaire.

Ainsi ils ont découvert la technique par percussion en frappant un silex sur une pyrite (composée de fer et de souffre) pour produire une braise en provoquant des étincelles qui doivent enflammer de l'amadou (un champignon qui pousse sur des souches d'arbre mort).

Ce fut une technique fort éprouvante car l'humidité ambiante (il a plu les 2 derniers jours) a saturé l'air et contaminé la matière première qui bien que semblant sèche avait de grandes difficultés à être réceptive aux étincelles.

Atelier préhistoire "Drôles d'allumettes" avec Paléo Estuaire Atelier préhistoire "Drôles d'allumettes" avec Paléo Estuaire Atelier préhistoire "Drôles d'allumettes" avec Paléo Estuaire Atelier préhistoire "Drôles d'allumettes" avec Paléo Estuaire

La maîtrise du feu constitue un des événements majeurs de l’histoire de l’Humanité. La question de son origine a toujours été un des grands débats de l’archéologie.

La technique par percussion

Pour qu'il y ait une étincelle, il faut percuter un sulfure de fer, comme la marcassite (ou la pyrite), à l'aide d'une pierre dure (comme du silex, du quartz, du granite ou même un autre nodule de sulfure de fer). Les particules arrachées au sulfure de fer s'oxydent immédiatement dans l'air (réaction d'oxydation exothermique) générant des étincelles particulaires, incandescentes, dont la durée de combustion est suffisamment longue pour qu'on puisse les récupérer sur une matière combustible fine. Une étude publiée en 2018, basée sur l'étude de bifaces moustériens et sur des résultats expérimentaux, a montré que certains bifaces ont pu être utilisés ponctuellement par les Néandertaliens comme pierres à briquet pour produire du feu.

Les étincelles obtenues de cette manière doivent être immédiatement réceptionnées sur un combustible comme des feuilles sèches et fines, des champignons inflammables comme l'amadou ou certaines moelles de végétaux. Ce combustible primaire, qui transforme l'étincelle reçue en braise, est nommé initiateur. L'initiateur doit ensuite être placé dans une matière végétale fine (foin, aiguilles de conifères…) pour générer une flamme après ventilation.

Contrairement à une idée encore répandue, le choc de deux silex ne permet pas d'allumer un feu car les étincelles produites ne sont qu'une simple émission de lumière due à la contrainte exercée sur les micro cristaux de quartz qui forment le silex. Il s'agit d'un phénomène nommé triboluminescence, que l'on peut observer également en frottant deux morceaux de sucre dans l'obscurité. Le silex est formé de silice, qui est un oxyde de silicium et ne peut donc pas réagir chimiquement avec le dioxygène de l'air. Comme il n'y a alors pas de matière incandescente arrachée, aucun feu ne peut être allumé ainsi malgré les fugaces étincelles obtenues.

Ensuite Dominique a présenté la technique par friction à l'aide d'un arc à corde et d'un foret. On place le foret en bois que l'on taille en pointe sur une planchette en bois percée (souvent du bois tendre type tilleul ou peuplier), on actionne l'arc à plat pour assurer la friction du foret contre la planche de bois. Au préalable on se munit d'une paumelle, une pierre dure que l'on a évasée pour accueillir le foret et l'appuyer sur la planche sans se faire mal. La friction répétée produit une forte chaleur qui finit par provoquer une sciure incandescente que l'on met en contact avec l'amadou pour produire une braise.

Là encore nous avons rencontré des difficultés, la fumée était produite beaucoup plus aisément que par percussion mais difficile d'obtenir une braise car la sciure incandescente au contact de l'amadou (sûrement rendu humide par l'air) peinait à s'enflammer.

Les enfants ont ainsi pu comprendre qu'il n'était pas si évident que cela d'allumer un feu avec les techniques ancestrales et que beaucoup de paramètres entrent en jeu. Il n'y avait pas de spécialiste de l'allumage du feu à l'époque préhistorique et on se doute que l'enjeu du feu a aisément pu provoquer la fameuse "guerre du feu" pour tenter d'usurper quelques braises à d'autres tribus plus chanceuses ou plus expertes...

Mieux valait donc tenter de conserver plusieurs feux pour rallumer le foyer en cas d'extinction accidentelle et parvenir à conserver quelques braises allumées en cas de déplacement du campement...

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Pour la méthode de friction, les documents archéologiques anciens sont très rares. En fait, pour certains auteurs, les bâtons et outils pour fabriquer le feu ne sont pas crédibles avant le Paléolithique supérieur.

C’est à partir du Néolithique qu’on trouve des objets (forets et planchettes) pour la production de feu par exemple dans les lacs de Suisse, dans des sites paléo-indiens, dans une grotte préhistorique du Pérou ou encore dans des sites de chasseurs-cueilleurs en Argentine (Collina-Girard 1998). On connaît aussi son emploi dans l’Égypte ancienne.

La technique par friction

Les techniques de production de feu par friction consistent à utiliser l'échauffement produit par le frottement de deux éléments en bois. Le phénomène d'allumage peut se décomposer en deux temps :

  • dans un premier temps, la sciure produite par le frottement va s'accumuler près du point de friction. Elle est, à ce stade, carbonisée mais non encore embrasée.
  • dans un deuxième temps, l'augmentation de température au sein de la sciure permet la naissance d'une petite braise de sciure (embrasement par source de chaleur proche).

Cette petite braise de sciure de bois pourra enflammer un combustible fin, comme de la paille, de l'herbe séchée, des feuilles, des aiguilles de conifères sèches ou de l'amadou, à la condition d'un apport suffisant d'oxygène par ventilation buccale ou manuelle. Une fois le combustible primaire embrasé, il est possible d'utiliser du petit-bois pour obtenir une flamme importante. Le gros bois sera rajouté après, l'essentiel étant de faire croître le feu progressivement, sans l'épuiser tout de suite sur une bûche qui prendra feu difficilement.

Le frottement peut s'exercer de différentes façons : sciage d'une planchette aménagée avec une autre planchette ou une baguette, friction longitudinale oblique d'une baguette sur un socle à rainure (méthode « du bâton et de la rainure » appelée aussi « charrue à feu »), giration (forage d'une planchette aménagée par une baguette taillée en pointe). Dans ce dernier cas, il est possible de faciliter le mouvement de rotation en utilisant un « arc-à-feu » ou « archet à feu ». L'élément mobile doit pouvoir aller et venir rapidement sans sortir de la cavité aménagée dans le bois fixe. L'archet facilite l'obtention du feu.

Contrairement à une croyance très répandue, la dureté relative des deux éléments en bois n'est pas importante : en revanche, au moins un des deux éléments en jeu, doit être un bois riche en fibres microscopiques longues produisant une sciure aérée. Ces bois sont dits auto-allumeurs. La dureté n'intervient que secondairement, dans la facilité à produire la sciure. 

La sculpture de la cheminée est primordiale quant à l'allumage de la sciure.

Pour en savoir plus:

La production expérimentale du feu par percussion et friction

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Une fois notre braise obtenue, nous l'avons placée dans un nid d'herbe sèche puis nous avons soufflé délicatement dessus pour l'activer et ensuite nous avons poursuivi l'oxygénation par un mouvement de balancier du bras, enfin nous avons pu utiliser nos prémices de feu pour allumer une lampe à graisse et activer notre foyer.

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Et venu alors le temps de la récompense:

Les enfants ont pu faire griller des morceaux d'auroch (bon d'accord de bœuf) et les déguster pour leur goûter !

Puis est venu le moment le plus difficile: éteindre le feu !!! Après tant d'efforts fournis, et pourtant grâce à lui nous avons pu nous régaler.

Merci Paléo Estuaire

et merci la nature !

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