Exploration de la biodiversité du lac artificel de Louberie: des espèces indigènes aux défis liés aux espèces invasives
Publié par Rachid Hamidi, le 29 novembre 2024 59
Le lac de Louberie, situé à Cancon (47), a accueilli une animation scientifique riche en découvertes, mêlant exploration de la biodiversité aquatique et sensibilisation aux enjeux écologiques. L'animation a été organisée bénévolement par les chercheurs de l'Association Nationale des Producteurs de Noisettes (ANPN).
Parmi les espèces identifiées figurent des organismes locaux microscopiques, comme les daphnies et les copépodes, mais aussi des espèces exogènes et envahissantes de plus grandes tailles, telles que l’écrevisse américaine, le black-bass ou encore la lentille d’eau du genre Lemna.
Ce que nous avons découvert dans le lac
Espèces locales observées :
- Les daphnies et les copépodes : Ces micro-crustacés planctoniques sont essentiels dans l’écosystème aquatique. Les daphnies, véritables filtres naturels, contribuent à la clarté de l’eau en se nourrissant de particules organiques. Les copépodes, quant à eux, jouent un rôle crucial en tant que maillons intermédiaires dans la chaîne alimentaire, reliant le phytoplancton aux poissons (figure 2).
- Divers insectes aquatiques : Parmi les échantillons prélevés, plusieurs larves d’insectes aquatiques, comme celles de libellules ou de coléoptères aquatiques, témoignent de la diversité et de la vitalité de cet écosystème.
Espèces exogènes et invasives :
- L’écrevisse américaine (Faxonius limosus) : Ce crustacé originaire d’Amérique du Nord a été introduit en Europe, où il a largement colonisé les milieux aquatiques (figure 3). Sa capacité à proliférer et sa résistance exceptionnelle en font une menace pour les espèces locales, notamment en raison de la propagation de la peste des écrevisses.
- Le black-bass (Micropterus salmoides) : Prédateur carnassier originaire d’Amérique du Nord, il modifie les équilibres naturels en régulant les populations de poissons locaux et en exerçant une forte pression sur les invertébrés aquatiques (figure 4).
- La lentille d’eau ou lenticule (genre Lemna) : Ces minuscules plantes flottantes, bien que naturelles dans certaines régions, deviennent envahissantes lorsqu’elles se développent en excès. Leur prolifération rapide peut recouvrir la surface des plans d’eau, réduisant la lumière disponible pour les organismes subaquatiques et provoquant une diminution de l’oxygène dissous, ce qui menace directement la biodiversité locale (figure 5).
Une sensibilisation aux défis écologiques
Les ateliers organisés ont permis aux participants de :
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Observer et manipuler les échantillons collectés, grâce à des outils comme des filets et des binoculaires, pour mieux comprendre la diversité des organismes présents.
- Comprendre les interactions écologiques, notamment l'impact des espèces invasives comme l’écrevisse américaine et la lentille d’eau sur les écosystèmes locaux.
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Explorer des indicateurs environnementaux, tels que les indices de qualité de l’eau, pour évaluer la santé de cet habitat aquatique. Les notions liées au bio-indicateurs de pollution (espèces polluosensible vs polluorésistantes) ont été abordées.
Préserver les équilibres fragiles des lacs
Le lac de Louberie reflète la richesse et la complexité des écosystèmes aquatiques du Lot-et-Garonne. La coexistence d’espèces locales, exogènes et envahissantes illustre les défis auxquels ces milieux sont confrontés. Si des espèces comme les daphnies et les copépodes témoignent de la résilience de la biodiversité locale, la présence d’écrevisses américaines et de lentilles d’eau souligne l’urgence de préserver ces habitats fragiles (figure 2).
Agir pour demain
Cette journée a été une opportunité de sensibiliser le public à la nécessité d’agir pour protéger les milieux aquatiques. Observer, comprendre et préserver sont les clés pour maintenir ces trésors naturels, tout en limitant l’impact des espèces invasives.
Une expérience enrichissante qui nous rappelle l’importance de protéger la biodiversité, pour le lac de Louberie et pour tous les écosystèmes qui nous entourent.
Remerciements à :
Cap Sciences, PAI-CSTI Nouvelle-Aquitaine, KOKI, les animateurs bénévoles: Rémi Jouteux, Julien Toillon, Rachid Hamidi et Luc Lefebvre.
Photos non créditées de : Mikael Fraunie, Rachid Hamidi, Sandrine et Julien Toillon.