La diversité des prairies : un levier d’adaptation face à un climat plus chaud et plus sec
Publié par INRAE Nouvelle-Aquitaine-Poitiers, le 17 décembre 2025
Une étude sur la diversité des prairies, à laquelle participent deux unités INRAE (P3F et FERLUS), confirme les atouts des plantes dicotylédones herbacées à pivot dans les prairies, pour s'adapter au changement climatique. Elle est publiée dans la revue Science le 5 décembre 2025.
Photo © INRAE Gaëtan Louarn
La diversification des cultures dans l’espace et dans le temps est un levier majeur de la transition agroécologique. Le réseau d’expérimentation LegacyNet a produit un premier article synthétisant les conclusions de 26 sites reproduisant le même dispositif expérimental pour analyser la performance de prairies temporaires associant de multiples espèces dans des régions pédoclimatiques contrastées. En plus des 2 groupes fonctionnels des graminées et légumineuses fourragères, classiquement utilisés dans les prairies temporaires, cet essai visait en particulier à mieux comprendre l’intérêt d’introduire un troisième groupe fonctionnel : les dicotylédones herbacées à pivot. Du point de vue du rendement, cette introduction apparait bénéfique et contribue à une surproduction des mélanges avec dicotylédones à un niveau similaire à celui d’association graminées-légumineuses. Surtout, il apparait que la diversification à 3 groupes fonctionnels produit davantage d’effets dans les zones pédoclimatiques plus chaudes et séchantes, procurant un réel levier d’adaptation. Enfin cette pratique dépasse de façon générale en bas intrants la performance de production fourragères des pratiques intensives du type « graminées fortement fertilisées en azote ». Loin de constituer un risque, la diversification intra-parcelle apparait comme un moyen d’assurer la production et d’améliorer la résilience face aux aléas.
LegacyNet : un réseau de 26 sites expérimentaux sur 5 continents
La diversification des cultures dans l’espace et dans le temps est un levier majeur de la transition agroécologique. La quantification des services liés à la diversité cultivée et sa dépendance aux conditions de culture reste cependant un défi. Le réseau d’expérimentation LegacyNet est un réseau volontaire de recherche regroupant et coordonnant une trentaine de sites expérimentaux sur les 5 continents. Il a été mis en place en 2021 pour étudier l’intérêt des prairies temporaires multi-espèces en termes de rendement, ainsi que leurs effets sur le sol et les cultures suivantes dans une rotation. Une expérience commune est conduite sur l’ensemble des sites testant les effets d’une gamme de diversité spécifique et fonctionnelle large au sein des espèces prairiales, allant de monocultures de graminées, de légumineuses ou de dicotylédones herbacées fourragères à des mélanges complexes allant jusqu’à 6 espèces. L’ensemble des sites permet de couvrir une large gamme de conditions pédoclimatiques. Au niveau français, l’unité de recherche P3F coordonne les recherches au sein d’INRAE (G. Louarn, A. Rodriguez) avec l’appui de l’unité FERLUS et de son équipe en charge du suivi du SOERE ACBB de Lusignan.
En
plus des graminées et légumineuses classiquement utilisées, un
troisième groupe de plantes a un effet bénéfique sur le rendement des
prairies semées, surtout en zones chaudes et sèches
Les premiers résultats du réseau portent sur l’intérêt de l’introduction d’un troisième groupe fonctionnel (les dicotylédones herbacées à pivot), en plus des 2 groupes fonctionnels des graminées et légumineuses fourragères classiquement utilisés, sur le rendement fourrager des prairies temporaires. Cette introduction apparait bénéfique et contribue à une surproduction des mélanges avec dicotylédone à un niveau similaire à celui d’association graminées-légumineuses. Surtout, il apparait que la diversification à 3 groupes fonctionnels produit davantage d’effets dans les zones pédoclimatiques plus chaudes et séchantes, procurant un réel levier d’adaptation. Enfin cette pratique dépasse de façon générale la performance productive des prairies intensives du type graminées fortement fertilisées en azote, même en bas intrants. Loin de constituer un risque, la diversification intra-parcelle apparait comme un moyen d’assurer la production et d’améliorer la résilience face aux aléas.
Les suites de cette étude concerneront plusieurs volets en lien avec la production fourragère et les services rendus par les prairies à l’échelles de la rotation. Des travaux sont d’ores et déjà en cours sur l’analyse des effets de la diversité prairiale sur la qualité et la stabilité de la production fourragère. Des analyses sont également en cours pour analyser les impacts de la diversité sur l’effet précédent des prairies sur les cultures suivantes, les émissions de gaz à effet de serre et le fonctionnement du sol et des cycles du carbone et de l’azote.
Référence :
O’Malley J., Finn J.A., Malisch C.S. et al. (2025). Multispecies grasslands produce more yield from lower nitrogen inputs across a climatic gradient. Science, eady0764. doi.org/10.1126/science.ady0764
