Mission PATSTEC Aquitaine : Focus sur le chronographe enregistreur de Gautier [Château-Observatoire Abbadia]

Publié par Audrey Pennel, le 2 décembre 2024   17

Le chronographe enregistreur conservé au Château-Observatoire Abbadia, à Hendaye, est développé en 1906 par le constructeur mécanicien Paul Gautier, alors gérant d’un atelier à Paris depuis 1876. Au sein de l’observatoire, il sert à enregistrer, avec la lunette méridienne, le passage des étoiles. Il est aussi relié à une horloge astronomique décimale.

Le chronographe en laiton à caisse de protection en acajou, est synchronisé par une impulsion transmise électriquement chaque seconde par le régulateur astronomique en service. Il présente trois roues montées sur un axe horizontal unique autour duquel elles tournent à des vitesses différentes. La circonférence de chacune des roues porte un ensemble de chiffres en relief qui peuvent s’imprimer sur une bande de papier plaquée sur les roues, sous l’impulsion de marteaux. Les marteaux sont activés par l’observateur qui ferme un circuit électrique au moment du passage de l’astre. Les roues répondent à un mouvement d’horlogerie entrainé par un poids muni d’un régulateur de vitesse à ailettes de type Foucault.

Ce même modèle équipe également d’autres observatoires, tel que celui de la Côte d’Azur, à Nice.
Bien qu’utilisés largement en Allemagne et en Grande-Bretagne durant un demi-siècle précédent, ces chronographes ne furent adoptés que tardivement par les astronomes français.

En 1948, l’appareil de Gautier est modifié par Ernest Esclangon, qui remplace l’entrainement à poids par un moteur électrique synchrone, alimenté par un courant à 1000 hertz.

Le chronographe a certainement été acquis par l’observatoire du château d’Abbadia, l’année même de sa production, en 1906. Nous sommes, à cette époque, neuf ans après le décès de l’explorateur et astronome Antoine d’Abbadie, premier propriétaire de l’édifice néo-gothique, construit de 1864 à 1879 par les architectes Eugène Viollet-le-Duc et Edmond Duthoit. Quatre prêtres se succèdent alors à la direction de l’observatoire, qui fonctionne jusqu'en 1975.

Le chronographe, participant à la chaîne de mesure du temps de l’observatoire, est aujourd'hui présenté au public.

Audrey Pennel
Responsable de la Mission Patstec Aquitaine

Documentation :
- Jean-Paul Poirier, Anthony Turner, "Antoine d'Abbadie", Paris, Académie des Sciences, 2002, p. 50
- Lamy, J., & Soulu, F. (2014). L’émergence contrariée du chronographe imprimant dans les observatoires français (fin 19e – début 20e s.). Annals of Science, 72(1), pp.75–98. https://www.tandfonline.com/do...
- Base de la Mission nationale de sauvegarde et de valorisation du patrimoine scientifique et technique contemporain, PATSTEC, Chronographe enregistreur de Gautier (P. Gautier), https://www.patstec.fr/ressour...