Publication Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology
Publié par Laboratoire PALEVOPRIM, le 23 novembre 2020 570
Une nouvelle étude du laboratoire PALEVOPRIM parait dans la revue Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, mais curieusement cette fois-ci sans aucun fossile !
Les paléontologues s’appliquent à reconstituer le mode de vie des espèces fossiles, leur écologie. C’est en s’appuyant sur des éco-indicateurs comme l’usure dentaire et les compositions isotopiques de l’émail dentaire qu’ils tirent leurs conclusions. Calibrer ces éco-indicateurs sur des espèces actuelles à l’écologie connue est donc essentiel.
Ici, Gildas Merceron, Emilie Berlioz et leurs collègues ont extrait des éco-indicateurs des dents de dizaines de chevreuils, cerfs, chamois et mouflons provenant tous du Parc Naturel Régional des Bauges dans les Alpes et les ont confrontés aux données écologiques collectées par l’Office Français de la Biodiversité.
Bien que toutes végétariennes, les éco-indicateurs dentaires retranscrivent les différences écologiques entre ces espèces. Le différentiel entre la composition isotopique du carbone de l’émail du chevreuil et celle du chamois traduit l’occupation des habitats les plus boisés par le premier et les moins boisés sur les plus hautes cimes par le second. Ce même éco-indicateur identifie bien les cerfs et les mouflons comme occupant les étages intermédiaires, et confirme bien que le mouflon a un comportement migrateur saisonnier plus marqué que le cerf.
En outre, l’usure dentaire des cerfs présente peu de variations inter-individuelles comparée à celle des chevreuils. Ceci reflète le comportement alimentaire mais aussi social. En effet, les cerfs étant grégaires consomment les mêmes aliments car ils paissent les mêmes prairies en groupes de dizaines voir centaines d’individus. A l’inverse, le chevreuil est solitaire et occupe de petits territoires. Son alimentation est donc dépendante des ressources disponibles dans son territoire qu’il ne partage pas ou peu avec ses congénères.
Les ruminants des Bauges, avec leur cortège de données écologiques et éco-indicateurs extraits des tissues dentaires, constituent donc un modèle idéal pour explorer le partage de niches écologiques entre les espèces fossiles que le laboratoire PALEVOPRIM étudie.
Références
Gildas Merceron, Emilie Berlioz , Hubert Vonhof, Daniel Green, Mathieu Garel, Thomas Tütken – Tooth tales told by dental diet proxies: An alpine community of sympatric ruminants as a model to decipher the ecology of fossil fauna – Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology – https://doi.org/10.1016/j.palaeo.2020.110077