Les déambulations IA et robotique : le dispositif transmédia

Publié par Hélène Schwalm, le 22 juillet 2020   1.2k

(suite article Les déambulation IA et robotique : mise en œuvre de l'évènement)

Parallèlement à l’organisation de l’évènement, les Déambulations IA et Robotique ont été également l’occasion d’expérimenter pour l’université de Bordeaux la création  d’un dispositif transmédia.

Qu’appelle-t-on narration transmédia ou transmédialité ? « La narration transmédia, telle que conçue par Henry Jenkins en 2003 est le processus de déploiement d'œuvres de fiction caractérisé par l'utilisation combinée de plusieurs médias pour développer une expérience unifiée et cohérente1 » (page wikipedia "transmédialité"). Outre l’objectif communicationnel et créatif évident d’un tel dispositif, l’idée d’articuler évènement et média sur un projet où l’immersion expérientielle est déterminante nous a paru un terrain d’expérimentation particulièrement fertile.

Car en effet, la finalité de ce travail  narratif était de raconter une histoire qui puisse embarquer les participants, faire le lien avec l’expérience vécue et mettre en intrigue l’évènement des Déambulations en lui-même en l'inscrivant comme fin de l'histoire. C’est avec cette idée en tête nous avons sollicité le Design et Media Lab, centre d'innovation sociétale de l'IdEx Bordeaux dès le mois de février afin de nous accompagner dans l’écriture du scénario et la construction de la timeline.

Dès le mois de mars, le principe des Time Capsules était proposé. A la fois témoignages instantanés du réel et objets rituels ("cérémonie d'enterrement pour les générations futures"), elles sont vite apparues comme un support narratif évident pour établir un état de l’art des savoirs et des non-savoirs. A cela s’ajoute que le protocole qu'elles impliquent est, comme le principe même des déambulations, rééditable. Time capsule virtuelle, elle permet de collecter des contenus numériques, time capsule réelle, elle permet d’archiver l’expérience collective dans un moment partagé.

Le scénario imaginé était le suivant…

 Le département Aquitain d’Epistémologie Historiographique Alternative  (DAEHA) nous contacte d’un futur assez lointain. Ils ne peuvent nous contacter que via le réseau internet et par simples bribes d’informations, et nous ne pouvons pas leur répondre. Après étude de ces messages, nous nous rendons compte que leur but est d’étudier nos connaissances (et non-connaissances) sur la robotique et l’intelligence artificielle en 2018.

… et se tissait sur une timeline d’un peu plus d’un mois composée de deux phases :

  • La phase de mise en intrigue (3 semaines // du 27 avril au 16 mai 2018) dont l’objectif était de mettre en place le scénario donc, mais aussi  d’associer les prescripteurs et relais du dispositif afin de capter les différentes communautés. Le travail de conception avec le CIS Media et Design Lab s’est focalisé sur la conception d’un faux compte twitter, celui du détective en charge de l’enquête, Urich personnage au profil et à l'univers unique.

Au total, 7 indices ont ainsi été élaborés et diffusés sur les réseaux FB et Twitter et ont été ensuite largement relayés par les comptes institutionnels. Ils ont finalement permis la création d’une communauté éphémère  autour du faux compte (58 abonnés en 2018)

  • La phase de collecte (2 semaines // du 17 mai à l’évènement le 31 mai 2018) dont l’objectif premier était de récolter du contenu sur l’IA et la robotique via les comptes FB et Twitter de l’université  : « recueillir vos sources d'information, d'étonnement, d'inspiration ou de réflexion sous forme de liens en commentaire des publications ». D’un point de vue communicationnel, l’idée était aussi de rendre active la communauté créée dans la première phase et d’encourager toute forme d’interactions et de discussions.

 Derrière le dispositif transmédia, une communication plus institutionnelle est venue progressivement relayer l'enquête résolue en fin de phase 1.

Cette phase a motivé un important travail de production de contenus : 50 publications ont été faites sur les réseaux sociaux, avec notamment 3 interviews et 5 vidéos d’experts. Ces ressources vidéo ont d’ailleurs été celles qui ont généré le plus de retweets.

L’engagement des scientifiques, ainsi que la présence d’un stagiaire et l’accompagnement du centre d’innovation sociétale ont permis de développer en peu de temps un dispositif de qualité. Bien qu’ayant généré peu d’interactions et n’ayant pas permis de créer une communauté participant effectivement aux déambulations (publics distincts), par manque de temps notamment, le dispositif transmedia semble une expérience particulièrement intéressante pour une université sur des sujets qui animent la société.

Car derrière ces objectifs opérationnels existe un enjeu plus large, celui de repositionner l’université sur la diffusion de contenus scientifiques et de société. Ce type de format innovant est de toutes évidences à renouveler en tenant compte de la nécessité de ressources adéquates : temps (planification de moyen terme) requis pour la conception, ressources humaines pour l’animation,…

A noter que le travail de time capsule virtuelle est venu alimenter la mallette pédagogique, principale capitalisation du projet (voir projet IA3). La boucle est bouclée.