Bilan Projet Cerveau : Interview

Publié par Musée national de Préhistoire, le 21 décembre 2017   1.2k

Interview de Cécile Gizardin, Conférencière de la Réunion des Musées Nationaux Grand-Palais au Musée National de Préhistoire 

Un parcours en partenariat avec la Réunion des Musées Nationaux - Grand Palais. 

Thème de la journée: Evolution de l’Homme et de son cerveau

- Vous avez accueilli une classe de Terminale section scientifique du lycée Arsonval à Brive-la-Gaillarde (19) sur le thème de l’évolution de l’Homme et de son cerveau. Sur quels témoignages avez-vous basé votre propos ?

La visite s’est progressivement construite avec les élèves en partant de la question suivante : quels sont les indices des capacités cognitives de l’Homme du Paléolithique ? L’évolution de la lignée humaine étant au programme de SVT, nous avons évoqué brièvement les grands jalons de l’évolution dont quelques fossiles africains majeurs. Nous nous sommes ensuite appuyés sur des indices archéologiques en faisant émerger les nombreuses transversalités qui s’opèrent en science. Trait qui a semble-t-il beaucoup interpelé les élèves. Prenons quelques exemples : l’étude des pas de Laetoli, piste fossile, retrouvée en Tanzanie et en partie reproduite au Musée, permet d’aborder la locomotion et l’adoption de la bipédie dont on sait qu’elle a joué un rôle majeur dans le développement au moins volumétrique de l’encéphale des hommes fossiles.

L’outillage en pierre (sa définition en tant qu’industrie humaine et son évolution technologique) témoigne de capacités d’anticipation des besoins et de prédétermination des formes avant même d’agir sur la matière pour la transformer. Matière, dont il faut maîtriser les propriétés physiques, mécaniques pour en tirer le meilleur profit. Cet aspect a été illustré par une manipulation au cours de laquelle les élèves se sont livrés au remontage d’éclats de débitage. Ils ont ainsi appréhendé les grands principes liés à la production d’un galet aménagé et d’un biface.

Enfin, l’émergence de préoccupations qui ne sont pas directement liées à la subsistance et qui révèlent l’accession à un autre niveau cognitif. Le monde symbolique, qui doit être abordé avec prudence, est notamment perceptible à travers les pratiques funéraires qui témoignent de sentiments et de liens sociaux et les différentes formes d’expressions graphiques développées sur des objets, des blocs et des parois de cavités ou d’abris.


- Il s’agit là d’indices indirects mais peut-on parler de l’évolution du cerveau à partir de « simples » vestiges squelettiques ?

C’est tout l’intérêt de ce programme qui combinait plusieurs approches et offrait notamment un temps d’échange avec un chercheur du CNRS, paléoanthropologue rattaché au Museum national d’Histoire Naturelle, Antoine Balzeau, dont les recherches portent notamment sur les crânes d’hommes fossiles, actuels et de grands singes et sur l’évolution de leur morphologie. Les progrès considérables de l’imagerie (tomographie, etc..) permettent une approche originale et inédite basée notamment sur l’analyse de caractères morphologiques exo et endocrâniens. A la pointe de la recherche et extrêmement généreux dans le partage de ses connaissances, Antoine Balzeau a été un interlocuteur de choix pour les élèves, désormais convaincus du dynamisme des différents champs disciplinaires qui interviennent en Préhistoire.


- questions posées par Clara Tinland, Apprentie Chargé de Communication au Musée National de Préhistoire. 

Vous pouvez en apprendre plus sur le déroulement de cette journée dans notre article Retour Projet Cerveau.