« Ma clé USB, c’est mon atelier »
Publié par Marianne Peyri, le 7 juin 2019 890
Intervenant dans notre classe de 4e, l’artiste Philipe Faure nous a dévoilé son rapport à l’art et quelques facettes de son travail avec des médiums numériques.
« Mon processus artistique est numérique… J’aime l’idée d’expérimenter, prendre une technologie et me l’approprier. Le travail de l’artiste, ce n’est pas toujours de créer un objet, c’est d’avoir une pensée artistique. D’ailleurs, j’ai du mal à créer des objets et de la matière, je travaille plus la virtualité, l’immatériel… Ma clé USB, c’est mon atelier. J’aime l’idée de pouvoir communiquer, et partager mes expérimentations avec toutes ces technologies mobiles », nous confie Philippe Faure.
Pour matérialiser ses œuvres numériques, il se sert d’imprimantes 3D : « J’utilise des filaments naturels à base d'amidon de maïs biodégradable, du bio-carburant à 99%. J’utilise aussi un scanner mobile qui s’intègre sur un IPad et qui permet en faisant le tour d’un objet ou d’une personne de les modéliser. L’objet ou le visage est reproduit numériquement et forment une sorte de pâte à modeler virtuelle, je retravaille sur ordinateur avec différents logiciels jusqu’à cette possibilité de l’imprimer en 3D ».
Fresques digitales, sculptures binaires, e-souvenirs…
Philippe Faure mène aussi des projets avec des collégiens et lycéens. Des jeunes du lycée agricole de Bergerac ont par exemple travaillé pour faire des fresques ou graffs digitaux collés sur des vitres, avec des scans de leurs bustes en 3D et des QR codes interactifs. « En 2016, avec des collégiens de 5e, j’ai aussi travaillé sur le concept ‘’d’Hybridations’’ . Les élèves devaient penser à un objet qui pouvait être pertinent et photographié dans la nature. Nous avons été dans la forêt pour réfléchir, puis on a travaillé avec des logiciels de dessins 3D, puis imprimer les objets en 3D et enfin scénarisé leur travail dans la forêt des Landes et pris des photos ». Cet atelier numérique l’a inspiré pour créer son exposition « Artefact et hYbridation » en 2019.
Philippe Faure nous parle aussi de ces œuvres, des vidéos ou de ses sculptures binaires, à l’identité digitale. « Je reviens souvent sur le thème de l’avatar, cette représentation de son soi numérique, visible sur les réseaux sociaux, les jeux vidéos… ». Il travaille aussi autour du thème de la mémoire, par la création de « e-souvenirs », inspirés de ses vrais souvenirs d’enfance, il utilise pour cela la technique de la vidéo volumétrique… « Au japon, le numérique est considéré comme une donnée qui restera immortelle. Chez nous, en Occident, on ne le voit pas comme ça, on y voit une fin et que ces infos peuvent être perdues... Pas du tout pour les artistes numériques au Japon », conclue-t-il.
Faire de l’impression 3D
Pour faire de l’impression 3D, on peut aller travailler dans des Fablab, très accessibles. A Bordeaux, il y en a à l’université, à Cap Sciences. Ce sont des labos de fabrique où l’on peut innover et créer. Les fablabs de Pau, Albi, Toulouse sont très dynamiques. Ce serait bien qu’on s’inspire de ces espaces hybrides de créations dans chaque collège.
Article réalisé par Louane Tenaille, Neclya Kouate, Mathias Prevot avec l’aide de leur professeure d'arts plastiques Françoise Robène et Marianne Peyri, journaliste Cap Sciences, dans le cadre de l’action « Sciences en collège ». Ce dispositif vise à accompagner les collégiens dans l'écriture d’articles et la réalisation de photos rendant compte de projets artistiques, culturels ou scientifiques initiés au sein des collèges girondins.