Naviguer par la pensée : Lisa Roux

Publié par Marianne Peyri, le 4 juin 2024   68

Lisa Roux est chercheuse CNRS à l'IINS (Institut interdisciplinaire de neurosciences) de l'Université de Bordeaux. Elle étudie « notre capacité à naviguer par la pensée » et comment se créent les souvenirs.

« Si on ferme les yeux, je peux par exemple refaire dans ma tête le trajet pour retrouver le chemin qui me ramène à l’endroit où j’ai laissé mon vélo. Cette navigation dans la pensée, c’est la même chose lorsqu’on navigue dans la mémoire et les souvenirs. Ce sont les mêmes mécanismes neuronaux. Mes recherches portent justement sur comment on navigue dans la mémoire et comment se créent les souvenirs », explique Lisa Roux, chercheuse au CNRS et l’IINS.

Spécialiste du cerveau, Lisa Roux mène des expériences, avec l’objectif que « ces recherches pourraient améliorer le quotidien, amener des progrès dans la médecine ». Elle espère qu’elles permettront d’améliorer des traitements pour des maladies telles qu’Alzheimer, les troubles liés à la vieillesse ou à des problèmes de mémoire, à des traumatismes subis.

Enregistrer l’activité des neurones

Ses recherches dominantes sont sur les bases biologiques de la mémoire. « Le cerveau contient 100 milliards de neurones. Certains neurones sont responsables de la formation des souvenirs, d’autres du contrôle moteur ou de la prise de décision. On voit comment se comportent ces neurones », nous explique-t-elle.

Pour voir comment se comportent les neurones, elle et son équipe utilisent des modèles animaux comme les souris ou les rats car leur cerveau présente de fortes similarités avec celui de l’homme. Sur ces modèles animaux, ils placent des systèmes conçus pour enregistrer l’activité des neurones. Cela peut être, par exemple, un « miniscope », soit un microscope tout petit, qu’ils placent sur la tête d’une souris, très léger et de façon à ce que cela ne l’empêche pas de bouger. Cet instrument dont est équipé la souris permet d’observer et d’enregistrer directement l’activité des neurones lorsque celle-ci se déplace. « Sur une vidéo ensuite, mous pouvons voir des zones qui s’illuminent et qui montrent que tel ou tel neurone est en activité », précise Lisa Roux.

« Comme un GPS à l’intérieur du cerveau »

Pour voir et comprendre le comportement des neurones, Lisa Roux nous explique qu’elle peut aussi utiliser l’électrophysiologie. Elle place ainsi des électrodes qui vont capter les signaux électriques émis par les neurones, notamment dans la région de l’hippocampe, l’une des premières zones affectées par la maladie d’Alzheimer. « Nous menons d’autres expériences où des souris sont entrainées à courir dans un couloir dans le noir, et où nous pouvons observer que les cellules de lieux s’activent seulement à certains endroits du parcours. On voit ainsi que ces neurones forment une carte mentale de l’environnement, comme un GPS à l’intérieur du cerveau », nous explique Lisa Roux, qui finira son intervention par les mots suivants : « Nous, humains, avons plus de neurones que les rats, mais le mécanisme de navigation dans les pensées est commun. »

Article réalisé par Artur, Baptiste et Neila, élèves de 3e au collège François Mitterrand de Pessac.

La réalisation de cet article s’inscrit dans le dispositif « Sciences en collège », mené par Cap Sciences en partenariat avec le Conseil départemental de Gironde. Il vise, avec l’aide de la journaliste Marianne Peyri, à accompagner les collégiens dans l'écriture d’articles et la réalisation de photos ou vidéos rendant compte de projets artistiques, culturels ou scientifiques initiés par les collèges de Gironde.