Jean Roques, un pilote d’hélicoptère de la sécurité civile

Publié par Marianne Peyri, le 15 juin 2023   700

La base de sécurité civile est située près de l’aéroport Bordeaux-Mérignac, dans un grand hangar. Ici, travaillent 4 pilotes et 4 mécanos. Le jeudi 23 février 2023, la classe de 4°D est partie en sortie scolaire et a rencontré Jean Roques, un pilote d’hélicoptère.

La base abrite un hélicoptère jaune et rouge, le Dragon, qui va intervenir pour aller chercher des blessés, sur les autoroutes, dans la mer comme à Lacanau durant l’été pour des noyades. Il peut aussi intervenir lors des incendies. S’ils ne vont pas jusqu’au Pays basque, ils peuvent intervenir dans une zone jusqu’à Agen.

Comment organisez-vous votre journée ?

On ouvre à 9h le matin et jusqu’au coucher du soleil, donc les horaires changent entre l’hiver et l’été. Mon collègue, Arnaud s’occupe des révisions. On peut être appelés à toute heure du jour ou de la nuit surtout par le Samu et les pompiers. Quand nous sommes appelés pour une urgence , nous devons décoller en moins d’une demi-heure.

Quel est votre parcours professionnel ?

Je suis devenu pilote de l’armée après avoir eu mon bac puis je suis devenu pilote de Dragon pour la sécurité civile après avoir quitté l’armée.

Combien coûte un hélicoptère ?

Un hélicoptère coûte environ 12 millions d’euros, le même prix que des petits jets. Seules des personnes très riches possèdent un hélicoptère, car l’entretenir coûte très cher. Contrairement aux avions, dont l’usure est surtout sur les roues et les roulements, dans l’hélicoptère tout tourne et tout s’use. Quelqu’un qui a un hélicoptère à lui est vraiment riche.

Combien d’interventions y a-t-il en moyenne par jour ?

Nous faisons en moyenne une intervention par jour et nuit. On est activable 24/24h. Arnaud et moi, dormons sur place, même si ce n’est pas une obligation. Ici, il y a des chambres et même des salles de sport.

Comment faites-vous pour piloter la nuit ?

La nuit, nous travaillons avec des jumelles de vision nocturne, qui donnent une visibilité verdâtre, mais assez précise.

Pourquoi avez-vous choisi de piloter un hélicoptère ?

Je n’aime pas les avions, je m’ennuierai en avion.

Avez-vous été mobilisés sur les incendies de cet été ?

Oui, nous sommes intervenus sur La Teste et Landiras durant les grands incendies de cet été. Notre mission était de véhiculer des pompiers, des officiers aéronautiques, les « patrons du feu » afin qu’ils puissent évaluer les zones d’incendies, la puissance du feu, donner des ordres et guider les canadairs afin de l’éteindre. Ils disent ensuite où attaquer le feu. Nous n’avons pas transporté d’eau mais cela est techniquement possible.

Est-ce difficile de voler à cause des fumées ?

Oui, c’est tout d’abord dangereux car les fumées peuvent éteindre les moteurs. Sur les questions de visibilité, on aborde généralement le feu par le haut, car en dessous, il peut y avoir le vol des canadairs et il y a le risque que l’on se percute. On part donc de la tête du feu et au fur et à mesure qu’on détecte la position de chacun, on descend petit à petit. Le secteur est baptisé, c’est-à-dire chaque secteur de la zone d’incendie a un nom précis. Ainsi chaque avion ou hélicoptère indique à l’autre sa position.

Est-ce dur de voir des blessés ?

Cela ne fait pas plaisir, mais on est habitué, le plus dur, c’est avec les enfants. Pour ne pas être trop traumatisé, le mieux est d’en parler ensuite, de ne pas tout garder pour soi.

Ylan et Serhan, élèves de 4e D du collège Elie Faure de Sainte Foy-la-Grande.

La réalisation de cet article s’inscrit dans le dispositif « Sciences en collège », mené par Cap Sciences en partenariat avec le Conseil départemental de Gironde. Il vise, avec l’aide de la journaliste Marianne Peyri, à accompagner les collégiens dans l'écriture d’articles et la réalisation de photos ou vidéos rendant compte de projets artistiques, culturels ou scientifiques initiés par les collèges de Gironde.